Les Bêtes : un marché nommé désir - Avignon Off - (23/07/16)

Paul et Line sont mariés, ont des enfants, un grand appartement et des amis. Un cercle qu’ils invitent régulièrement à dîner et qu’ils critiquent copieusement dès que la porte s’est refermée sur le dernier convive. Paul est un industriel moderne, un requin qui n’a pas peur d’exploiter la misère du monde pour se remplir les poches. Comme Line lui dira : il est beau, intelligent, plein d’oseille, mais il n’est pas humain. Un jour, Line invite chez eux Boris, le clochard qui occupe la bouche de métro sous leurs fenêtres. Ce nouvel élément dans la vie de ce couple ne sera qu’un nouveau jeu, et il ne durera qu’un temps…
La pièce montre trois « bêtes », un euphémisme pour ne pas dire « monstres », c’est pourtant ce qu’ils sont chacun à leur manière. Entre eux, l’ambiance est torride, ils formeraient presque un ménage à trois – à part qu’ils couchent ensemble seulement par paire. Un soir, Boris rentre et Paul et Line décident que le jeu est terminé. Pour eux seulement, la vie continue. 
Emmanuel Salinger et Maria de Medeiros forment le couple machiavélique. Ils gomment les quelques longueurs de la pièce par un jeu sur le fil entre drame bourgeois et théâtre social. Moins crédible dans le rôle d’un SDF, le trop lisse Thomas Durand ne gâche pas pour autant la valse malsaine dont il est le principal enjeu.

Hadrien Volle

Les Bêtes, de Charif Ghattas, mise en scène d’Alain Timár, avec Thomas Durand, Maria de Medeiros et Emmanuel Salinger (photo iFou)
Théâtre des Halles, rue du Roi René, 84000 Avignon, 04 32 76 24 51, jusqu’au 28/07.