Darius : Un duo qui sent bon ! - Avignon Off - (18/07/16)

C’est une histoire très belle. Celle d’une mère qui sacrifie ce qu’elle possède pour obtenir d’un grand parfumeur – un nez – la création de parfums très précis pour son fils. Des parfums remplis de souvenirs, évoquant des lieux visités, des voyages, des expériences, des personnes aimées ; en quelque sorte, lui transcrire la mémoire en parfums pour l’y replonger. Une pièce en forme de correspondance entre ces deux êtres, par lettre ou par mail, dans lesquels chacun essaie de persuader l’autre de ses intentions, de ses envies, de ses refus.
Un échange de correspondance au théâtre, cela n’est pas nouveau. Mais le sujet particulièrement inattendu, et émouvant de cette pièce – dont nous tairont le ressort principal – la rend extraordinairement originale. Anne Bouvier a dirigé ses deux comédiens de manière élégante autour d’un orgue à parfums, en jouant sur les transparences des fonds et les différents niveaux du plateau. Clémentine Célarié se situe dans une empathie profonde avec son partenaire, une écoute attentive et concentrée jouant l’enthousiasme, le doute, la déception, l’émotion avec le meilleur d’elle-même. Pierre Cassignard, dans une tonalité plus fiévreuse, avance pas à pas dans cette histoire avec délicatesse. C’est un duo solide, très équilibré, qui se présente à nous, avec ce texte particulièrement évocateur aux tournures littéraires. Un projet d’une grande humanité, captivant, qui nous tire des larmes en nous donnant du bonheur.

François Varlin

Darius, de Jean-Benoit Patricot. Mise en scène : Ane Bouvier. Avec Clémentine Célarié, Pierre Cassignard. (photo Ludovic Baron)
Avignon, Théâtre du Chêne Noir, à 19h, jusqu’au 30 juillet
04 90 86 74 87
www.chenenoir.fr