Toute ma vie j’ai fait des choses... : Arrêt sur image - Avignon OFF - (17/07/16)

Son corps est effondré sur le sol. Tragiquement entouré de ces traits de craie blanche que la police criminelle trace pour fixer l’emplacement d’un cadavre. Une voix sourde monte, lente élocution pour évoquer l’agression tragique qui vient de survenir. Ralenti à l’extrême, le texte nous parvient par la voix grave, presque rocailleuse de Juliette Plumecocq-Mech. Comme une musique. La comédienne au look androgyne joue un garçon. T-Shirt, jeans et chaussures noires, cheveux gris en arrière, il décortique posément tout ce qu’il n’a pas fait pour se défendre d’une agression homophobe purement gratuite. Comme si le temps s’était arrêté : il était là, seul en train siroter sa bière dans un bar, lorsqu’un homme est entré et a décidé de « lui faire sa fête ». Ne rien pouvoir faire face à une décharge d’agressivité. Une frayeur que Remi De Vos décrit très bien dans ce texte que lui a commandé le directeur du Théâtre du Nord à Lille Christophe Rauck, en décomposant le processus psychique de l’agressé. Subir une peur paralysante, être terrorisé ; le metteur en scène propose de nous le montrer par une forme de chorégraphie au sol de ce corps qui se tord, se contracte, s’arc-boute, s’agenouille. On mesure l’effort de la comédienne qui joue dans de telles positions, mais ce langage du corps soutien le monologue d’une façon phénoménale. Sans artifice, le visage pratiquement neutre, Juliette Plumecocq-Mech fait tout passer par sa voix et ses postures. Une gestuelle recherchée, jamais naturelle, mais est-il naturel de se faire agresser parce que l’on est PD ? Jusqu’au dénouement tragique…

François Varlin

Toute ma vie j’ai fait des choses que je savais pas faire, de Remi De Vos. Mise en scène : Christophe Rauck.  Avec Juliette Plumecocq-Mech (photo Simon Gosselin)
Avignon, La Manufacture, à 13h30, jusqu’au 24 juillet
04 90 85 12 71
www.lamanufacture.org