La Dernière Idole : Comme un chanteur malheureux - Avignon Off - (15/07/16)

Les auteures n’ont pas dit son nom patronymique. Mais tous l’auront reconnu. Le faisceau d’indices est large : idole masculine française de la chanson avec 50 ans de carrière ! Cherchons bien, il n’y en a pas tant que cela dont le prénom est Johnny. Nous entrons dans le mental de la bête de scène nationale avec ce texte qui envisage ce que l’on vit lorsque l’on est Johnny. Les salles de concerts, les gardes du corps, le public, les musiciens, l’alcool, la cocaïne, le sexe, la bouffe, le tabac… Des lieux communs pour la presse à scandale ? Pas sûr. La pièce est bien plus maligne que ça ! Lorsque l’on a tout eu, que peut-on vouloir encore ? Lorsque tout le monde vous aime, qui peut-on aimer ? En 1h10 le comédien Pierre-François Garel, dans un long monologue fait de phrases courtes, presque syncopées, explore tout cela, se justifie, s’explique. Une interprétation passionnante, remarquable, sans artifice ; il ne lui ressemble pas, ne parle pas comme lui, ne l’imite pas, n’a pas son âge, et pourtant est des plus crédible. Autour d’une table couverte de vaisselle cassée, renversée, témoins reliefs d’un diner de luxe, la star contemple les restes de sa vie. La légende vivante s’incarne sous nos yeux, à portée de nos mains, elle nous décevrait presque tant elle ressemble à Monsieur Tout-le-monde. L’ogre n’en est pas un. Il s’ensevelit doucement, à l’image de ce déversement de sable qui vient enfouir le comédien tandis que le spectacle s’achève. Une performance à saluer.

François Varlin

La Dernière Idole
Comme un chanteur malheureux…
De et mis en scène par Hélène François et Emilie Vandenameele. Avec Pierre-François Garel.
Avignon, Théâtre Artephile, 22h40, jusqu’au 17 juillet.
04 90 03 01 90
www.artephile.com