critique - Tartiufas : Molière en techno-kitsch - Avignon In - (19/07/18)

Cela faisait longtemps, trop longtemps, qu’Oskaras Korsunovas n’était pas venu dynamiter l’une des scènes du Festival d’Avignon. Depuis sa dernière apparition, en 2003, avec Roméo et Juliette, l’enfant terrible du théâtre lituanien n’a rien perdu de sa fureur et tourneboule toujours les œuvres sur lesquelles il jette son dévolu. Tartiufas ne fait pas exception à cette règle et plonge le Tartuffe de Molière dans un bain d’acide techno-kitsch dont il ressort habilement transformé.
Sans rien sacrifier de la langue du dramaturge français, le metteur en scène arpente la célèbre pièce, un brin raccourcie, par son versant le plus politique. Dans un immense labyrinthe verdoyant, digne d’un jeu vidéo sous LSD, la relation particulière qu’entretiennent Orgon et Tartuffe devient une lutte de pouvoir larvée. Tour à tour manipulateur et manipulé, ils utilisent les autres membres de cette famille dégingandée comme autant de leviers pour asseoir leur ambition. Nonobstant quelques trous d’air, les comédiens se fondent avec une aisance déconcertante dans ce ballet de marionnettes trash. En Elmire flamboyante, Toma Vaskeviciute mène intensément la danse de cette farce noire, pavée de mauvaises intentions.
 
Vincent Bouquet

Tartiufas
de Molière, mise en scène Oskaras Korsunovas
Opéra Confluence, Festival d’Avignon, 04 90 14 14 14
du 17 au 21 juillet



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