critique - Au-delà de la forêt, le monde : Epopée forcée - Avignon In - (09/07/18)

Elles ne jouent pas de rôles, elles racontent. Ces deux jeunes femmes qui nous attendent sur la scène devant un impressionnant tas de valises vont nous parler de la condition des enfants afghans que l’on lâche pour un exil forcé vers l’Europe. Plus précisément, c’est l’histoire de Farid qui sera comme un porte étendard de toutes celles de ces enfants. 
Emile Caen et Anne-Elodie Sorlin ouvrent les valises au fil de leur propos, en ressortent des jouets, des habits, des passeports, des billets de banque, la mer… Elles s’arrêteront aussi parfois, comme pour prendre de la distance avec le récit du voyage de l’adolescent vers l’Angleterre. Se refugier, fuir, devenir clandestin, être déporté, être reconduit, les auteurs Inês Barahona et Miguel Fragata nous font regarder à la loupe le drame de gens que nous croisons dans nos grandes villes sans envie de les voir. Le texte très documenté ne juge pas, ne prend pas position, ne s’apitoie pas. Il dit. Et ce dans une langue très simple qui rend le spectacle accessible dès 8 ans. Le talent d’interprétation des comédiennes est captivant, leur soupçon d’humour ou d’ironie nous fait toucher du doigt ces tragédies contemporaines à la manière d’un arrêt sur image. On se prend à songer sur le confort de nos vies devant ce fatras d’objets déballés, et sur la fragilité de ceux que l’on nomme les migrants. Une pièce courte, simple et percutante qui pourrait bien changer notre regard… Nous rendre plus généreux ?

Avignon In Avignon Off Acheter le magazine papier S'abonner à Théâtral