critique - Pur Présent : magnifique théâtre de la parole - Avignon In - (07/07/18)

Ce Pur présent d’Oliver Py est en fait composé de trois pièces, trois tragédies que l’auteur a voulu écrire non pas « à la manière de » mais plus exactement « dans le style » d’Eschyle. Trois pièces courtes, séparées chacune d’un entracte, qui soulèvent les questions les plus actuelles de notre société et de notre présent : la révolte sociale en marche, la manipulation économique des puissances financières, l’univers carcéral, la crise des banlieues, en les creusant jusque dans leur plus profondes arcanes et sous la forme de confrontations. Si la seconde et la troisième tragédie questionnent le rapport à l’argent, à la morale et à l’éthique – un peu hâtivement mises en comparaison… – la première est sans doute la plus mystique puisqu’elle met en présence un caïd d’une prison et l’aumônier du lieu. Leur affrontement musclé, sanguin, oscille entre dégoût et fascination, soumission et domination, soulève les paradoxes de leurs existences dans un texte vrai, beau et d’une force véritable. C’est certainement cette partie qui est la plus saisissante sur la question du bien et du mal, des choix de vie et des renoncements. Un verbe nourrissant et incitant à la méditation que porte l’interprétation imposante de Dali Benssalah, Nâzim Boudjenah et Joseph Fourez pleine de violence et de fièvre.  Ici le théâtre est simple, presque de tréteaux, sous des lumières crues et fixes – revoici les tubes néons chers à Py ! – et accompagné au piano par Guilhem Fabre. De ces trois pièces, où se retrouvent à chaque fois la structure à deux personnages et un coryphée les questionnant, fidèle au théâtre grec antique, on ressort secoué, ébranlé conscient de la faiblesse de notre nature et peut-être plus enclin à prendre notre place dans la société.

François Varlin

Pur Présent, texte et mise en scène Olivier Py
Avec Dali Benssalah, Nâzim Boudjenah de la Comédie-Française, Joseph Fourez. Et Guilhem Fabre (piano). Scénographie d'après une idée de Pierre-André Weitz. Assistanat à la mise en scène Neil-Adam Mohammedi. Photo Raynaud de Lage
Avignon, La Scierie, 04 90 14 14 14
du 7 au 22 juillet (sauf les 12, 18 et 19 juillet), durée 3h10,


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