Critique - Une Vie : Clémentine Célarié, de tout son cœur - Avignon Off - (20/07/19) 

La femme qui se tient au bord de la falaise, fébrile, fiévreuse, semble à bout. La vie, sa vie, ne l’a pas épargnée. Elle avait foi en son destin, se rêvait heureuse et amoureuse, elle fut trompée et désenchantée. Clémentine Célarié fait siens les mots de Maupassant, et joue cette femme, Jeanne, à la première personne. Un style littéraire d’une modernité vive et d’une puissance bouleversante. Tour à tour mesurée ou vive, exaltée ou poignante, la composition de la comédienne est remarquable ; Clémentine Célarié savoure son texte avec appétit, laisse monter sa voix profonde, le ponctue de mouvements de tête charmants ou de larmes désespérées et nous laisse voir son cœur de femme en transparence. Transparent comme cette immense toile peinte sur un tulle dans laquelle joue la lumière pour laisser deviner, au-delà d’une falaise, un château et des lointains. Elégante dans une superbe robe à crinoline, elle joue de son costume, de son parapluie ou de son chapeau comme pour mieux nous dire combien elle est, jusque dans l’âme, femme, mère, bientôt grand-mère pour ce rôle. Cette Vie de Maupassant, c’est le drame de l’amour qui n’est pas aimé, la capacité de se reconstruire après chaque épreuve. Un spectacle d’une grande profondeur et d’une vérité inouïe porté haut par une interprétation rare.

François Varlin