Critique - Architecture : la raison impuissante - Avignon In - (06/07/19) 

Une famille autrichienne d’intellectuels se déchire autour des questions de transmission. Le père (Jacques Weber), architecte de renom, prône un classicisme rassurant, tandis que son plus jeune fils (Stanislas Nordey) défend la nécessité de formes nouvelles, que l’aîné (Denis Podalydès) compose une musique déstructurée, qu’une de ses filles (Anne Brochet) étudie le comportement des animaux, l’autre (Emmanuelle Béart) celui des cerveaux humains… exit le beau, place au sens, au fonctionnel. Ils voyagent ainsi avec leurs conjoints à travers l’Europe et ses vieilles pierres tandis qu’en toile de fond grondent les prémisses de deux guerres mondiales où l’humanité va ravaler ses certitudes et se noyer dans la folie. Car que peuvent l’intelligence, les mathématiques, la conscience ou le courage face à la déraison ? Même l’immense façade du Palais des Papes semble se dissoudre devant le fascisme grandissant de ce siècle. 
Comme Wajdi Mouawad la saison dernière avec Tous des oiseaux, Pascal Rambert a su avec Architecture dépasser l’aspect intime habituel de ses textes pour le confronter à la grande Histoire. Chacun des personnages de cette famille est scruté au regard de ce que l’époque lui renvoie. C’est brillamment traité avec cependant le défaut de nombreuses redites qui rallongent le spectacle déjà long et épuisent le spectateur très concentré sur un texte passionnant. La scénographie très simple, constituée essentiellement de tables et de chaises permet aux couples de se distribuer ou de se regrouper sur le plateau. Tout habillés de blanc au début, puis de noirs dans la dernière partie, les comédiens, Stanislas Nordey en tête, portent avec brio cette puissante partition qui nous met en garde contre nous-mêmes.

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