Critique - Débris : n’en jetez plus ! - Avignon Off - (08/07/19) 

Débris est la toute première pièce de théâtre écrite à l’âge de 30 ans par l’auteur britannique contemporain Dennis Kelly. Pour un coup d’essai, ce fut surtout un coup de poing : un père qui se suicide en se crucifiant, un bébé trouvé dans une poubelle, une mère morte en couches, une fille mythomane, un fils avec des pulsions meurtrières, bref toute l’horreur d’une famille que l’on imagine dysfonctionnelle, misérable, hébétée par le sort. Pour accentuer l’effet shocking de la pièce, le collectif du Corpus urbain propose une mise en scène dans laquelle le spectateur devient acteur-voyeur d’un dispositif clinique dans lequel se débattrait cette famille sous microscope. Et d’une certaine façon cela marche presque trop, car à force d’être tenu à l’écart de cette famille que « Dieu ne regarde plus », nous aussi finissons par regarder ailleurs. Le dispositif scénique nous exempte de toute émotion et de toute empathie avec la tragédie qui nous est contée. L’horreur de nos existences mérite un meilleur sort que celui du tube à essai.

Enric Dausset