Critique - Antioche : sur la route de soi - Avignon Off - (06/07/19)
Trois femmes « en criss », trois colères, trois femmes qui se vivent emmurées dans leurs vies par une société qui ne répond pas à leurs aspirations : une mère un peu mystérieuse qui écluse ses peines devant la télé et un verre de vin rouge, sa fille qui cherche un sens à sa vie via une messagerie avec un lointain djihadiste, et une amie prénommée Antigone qui est la révoltée de la Cité au sens tragique de Sophocle. C’est à Antioche en Turquie, sur la route de la soie et du djihad, que les choses se dénouent et que le texte de la québécoise Sarah Berthiaume prend toute sa force. On n’est plus alors dans le simple récit du mal-être existentiel de trois femmes « emmurées », mais dans la confrontation avec les dieux et avec nos rêves, dans une tension dramatique intense d’où jaillit la vérité intime des êtres. Antioche est une pièce chorale à la fois sérieuse et divertissante, ingénieuse et stimulante, sans prétention mais nécessaire par ces temps où la route du djihad se confond avec le chemin de la Vérité. Antioche ou la route de soi.
Enric Dausset
Antioche, de Sarah Berthiaume, mise en scène Martin Faucher,
avec Sharon Ibgui, Sarah Laurendeau, Mounia Zahzam (photo Yanick Macdonald)
11 Gilgamesh Belleville, 11 boulevard Raspail Avignon, 04 90 89 82 63
du 5 au 26/07 à 16h10, sauf 10, 17 et 24/07, puis en tournée