Critique - Le Duel : Lisa Wurmser fait feu ! - Avignon Off - (18/07/19) 

En fond de scène, il y a cette toile peinte d’un ciel nuageux baigné d’une lumière de couchant. Crépusculaire. Crépuscule annoncé d’une époque où la science sonne la fin du gouvernement des cœurs par la foi et la morale, où les idées nouvelles sonnent la fin d’une classe dirigeante. Et voici un homme qui n’aime plus sa maitresse. Autour de lui, le savant, le religieux, la bonne société le regardent vivre sans parvenir à fixer leur jugement. Lisa Wurmser met en scène de façon très éclairée la pièce de Tchekhov, dirigeant ses interprètes avec une intelligence du texte qui le fait sonner d’une pureté cristalline, et une gestion fluide des espaces du plateau. Auprès d’une simple cabane de plage peinte de larges rayures, la vie s’articule et les passages des intérieurs aux extérieurs s’opèrent en souplesse. Pourtant chez Tchekhov, la vie n’est pas simple ; le vice et le mensonge distillent son poison dans les veines des héros. Lisa Wurmser leur apporte son regard doux et ses musiques mélancoliques comme pour panser les plaies et blessures des êtres. On retrouve les excès du théâtre russe, auquel répond un jeu de comédie parfois. Mais il y a surtout, réelle, ressentie et présente, toute la poésie de l’œuvre qui nous parvient.