Critique - L’Homme sans souci : Marivaux en one man show - Avignon Off - (16/07/19) 

Il apparaît croulant sous un invraisemblable chargement sanglé sur ses épaules. Cet homme que l’on nous dit « sans souci » est pourtant bien bâté ! Chapeau rouge en tête, il semble vouloir se poser et se raconter. Buveur, routard, ancien soldat, il est devenu comédien ambulant, et ce soir justement il monte son théâtre pour donner une représentation. Didier Brice a adapté un essai de Marivaux peu connu, l’Indigent Philosophe, l’a enrichi de couplets et le fait sien pour ce seul en scène particulier. Car se construit un théâtre dans le théâtre, puisque peu à peu le héros édifie tout en nous parlant une sorte de portique auquel il accroche bientôt des rideaux, castelet grandeur nature dont il sera le pantin. Un théâtre de rue du XVIIIè siècle dont nous sommes témoins modernes. Le bougre est un moulin à paroles, chante, bricole et picole ; si l’on ne voit pas bien où il veut en venir, on se laisse aller au charme de son discours. Didier Brice joue avec puissance les bateleurs, racole pour la représentation de son héros. Son spectacle est plein de charme et sans prétention. Aussi simple que cet homme sans souci.