Critique - De si tendres liens : Charnel ! - Avignon Off - (23/07/17)

Dans la pièce de Loleh Bellon, l’amour est palpable et les liens ne sont pas des entraves. C’est ce qui nous touche dans ce rapport mère-fille, un pas à pas qui visite tous les moments de la vie. Les rires d’une mère, les caprices d’une petite fille, les jalousies d’enfants, les faiblesses de l’âge, les complicités, les chagrins, des instants pris sur le vif évoqués avec délicatesse et un charme délicieusement désuet. Une pièce sur la place que l’on tient dans l’existence de l’autre. 
Laurence Renn Penel a pensé un décor intemporel, espace simple aux murs transparents, des passages qui réinventent les lieux de vie. Sa direction de deux grandes comédiennes, Christiane Cohendy et Clotilde Mollet, toute en délicatesse est en même temps résolument concrète. On sent dans ce travail de trois femmes une envie de faire progresser le propos, de le développer, de l’approfondir, le mûrir et l’incarner. Christiane Cohendy, magistrale, joue son rôle de mère sur un ton allant de l’autorité à la complicité, de la légèreté à la gravité, avec la maîtrise du plateau et cette voix qui n’appartiennent qu’à elle. Clotilde Mollet, plus sur la réserve, excelle à nous présenter cette fille monolithique qui petit à petit se charge de celle qui longtemps l’a portée. Leur duo extrêmement touchant est très équilibré, et si ces femmes sont différentes, c’est bien le même amour qui les unit.