Critique - L’Adieu à la scène, Racine vs La Fontaine : Salut final  - Avignon Off - (21/07/17)

Voilà un étrange guet-apens, une souricière, un piège. Appelez cela comme vous le voudrez, mais le brillant Racine lui-même, auteur des plus grandes tragédies du XVII° siècle, a été attiré dans une loge de l’Hôtel de Bourgogne où l’attendent deux jeunes femmes, bientôt rejointes par le fabuliste Jean de La Fontaine. Leur but, comprendre pourquoi Racine a décidé d’arrêter d’écrire pour le théâtre. Les lieux sont simples à l’extrême : une boite noire, un portemanteau et un miroir encadré d’ampoules. Idéal pour mettre Racine sur le grill, déchiré entre son obéissance au roi et son génie. 
Voici une pièce pour ceux qui aiment le théâtre, les auteurs et les mots. Didactique, intelligente, malgré l’anachronisme de la jeunesse des interprètes dont on peine à croire qu’ils aient un long passé littéraire – La Fontaine aurait eu 56 ans en 1677, date de l’entretien supposé, et est joué par un comédien qui en paraît à peine 20. Sophie Gubri pose sa mise en scène sans le secours d’accessoires ni d’artifice. Seuls les mots et propos enflammés sur l’art de l’écriture, la place du théâtre, celle de Dieu, le doute lui servent d’appui. C’est une vertu. Toutefois l’entretien enfiévré tourne un peu en rond, sans que l’on voit le débat avancer. Des adieux qui n’en finissent pas.

François Varlin

L’Adieu à la scène, Racine vs La Fontaine
De Jacques Forgeas/ Mise en scène Sophie Gubri. Avec Baptiste Caillaud, Baptiste Dezerces, Emmanuelle Bouaziz, Perrine Dauger.
Avignon, Espace Roseau, 04 90 25 96 05, jusqu’au 30 juillet à 19h20
www.roseautheatre.org