Critique - Grensgeval : à la frontière entre pensée et performance - Avignon In - (19/07/17)

Guy Cassiers et Maud Le Pladec organisent un spectacle qui aborde frontalement les problèmes que connaissent les réfugiés qui débarquent en Europe aujourd’hui. Pas de métaphore, encore moins de poésie : le texte d’Elfriede Jelinek abonde de détails sur la condition des réfugiés qui traversent la Méditerranée, puis fait clairement la morale au spectateur qu’il accuse de ne pas suffisamment s’intéresser à la question.
Dans la forme, le spectacle est assez bavard. Il prend d’abord les airs d’une conversation entre les quatre acteurs, filmés tour à tour en gros plans, où ils évoquent les bateaux des migrants. Puis les personnages se mêlent aux danseurs qui, finalement, enchaîneront peu de mouvements et constitueront tout au plus une dizaine de tableaux sur la durée du spectacle. Il y a plus de mots que d’actions, exactement comme le comportement des Occidentaux vis-à-vis des pays en crise. Mais pour le spectateur, le temps est long.
S’il est important de hisser sur scène des propos qui malmènent nos consciences, cela ne peut se faire sans une forme riche et exigeante. Pourtant, malgré un vrai parti pris sur les images, c’est dans la facilité que tombe Guy Cassiers, et c’est bien regrettable.
 
Hadrien Volle

Grensgeval (Borderline) d’Elfriede Jelinek, mise en scène Guy Cassiers, chorégraphie Maud Le Pladec. Avec Katelijne Damen, Abke Haring, Han Kerchkhoffs, Lukas Smolders et les danseurs (photo RDL)
Parc des Expositions, chemin des Felons, 84140 Avignon. Réservations au 04 90 14 14 14
Jusqu’au 24 juillet