Critique - On aura tout : cris de femmes - Avignon In - (18/07/17)


A midi, à l’heure où celles qui vont lire ces paroles de femmes prennent place sur l’estrade du Jardin Ceccano, le clocher de l’église voisine se met à carillonner bruyamment les notes de l’Ave Maria. Comme pour accompagner cette démarche féministe et engagée d’une caution mariale. Les femmes parlent, sonnent, tonnent. Elles font raisonner les mots de celles qui ont souffert, devant un public mélangé à la mine concernée qui écoute gravement. Des témoignages coups de poings sur le viol, la malédiction d’être née fille, l’avortement, les injures, les coups, le cauchemar de l’excision, le meurtre… Triste catalogue des souffrances endurées proclamé par ces femmes dignes et magnifiques, élèves du Conservatoire ou simple amatrices de théâtre. Christiane Taubira et Anne-Laure Liégeois ont voulu ce rendez-vous quotidien durant le Festival pour donner la parole aux femmes, faire retentir les mots, les harangues, les discours de toutes les traces de leurs combats. On y met en accusation les pratiques venues d’ailleurs et les coutumes menées sous d’autres cieux, à d’autres époques aussi. Comme si nous devions porter le poids de fautes que nous n’avons pas commises et en charger nos consciences ? Discutable… Mais le projet a toute sa valeur, et dire est déjà un progrès.

François Varlin

On aura tout
Conception : Christiane Taubira et Anne-Laure Liegois. Recherches, dramaturgie et mise en jeu : Anne-Laure Liégois.
Avec des citoyens amateurs de théâtre et des élèves du Conservatoire national supérieur d’art dramatique.
Avignon, Jardin Ceccano jusqu’au 23 juillet à 12h