Critique - Comment va le monde ?, grâce et conscience - Avignon Off - (07/07/17)

Marie Thomas et sa grâce enfantine ressuscitent le clown Sol, créé par le comédien québécois Marc Favreau, à travers un montage de ses textes. Après un prologue où on la voit dans sa loge se faire la tête de Sol, c’est l’entrée en scène comme une sorte d’accouchement avec l’apparition d’un petit bonhomme un peu ahuri de se retrouver là face au public. On va le voir grandir ce petit bonhomme, s’épanouir et découvrir avec beaucoup de candeur la vie. Affublé d’une coquetterie dans la parole, il déforme les mots, oui mais surprise, il les remodèle et les ajuste entre eux dans un immense puzzle reconstituant le monde qui nous entoure. Ainsi Sol invente une langue bien à lui, faite de candeur, de malice et d’intelligence. Il nous fait sourire lorsqu’il évoque ses souvenirs de la purée culture, mais il nous bouleverse aussi sans cesse, en touchant notre cœur mais aussi notre conscience. Les mots qu’on devine aux détours de ses ssossotements révèlent tout un double sens. Comment ne pas rester insensible à l’état du Fier-monde, et à la façon dont ses habitants prennent leur café le matin ? Il y a bien sûr la poésie de Sol, mais il y a surtout Marie Thomas, l’interprète, irrésistible de tendresse et d’innocence qui apporte à ce clown né dans les 50 beaucoup de fraîcheur dans un monde qui lui n’a pas beaucoup changé.

Hélène Chevrier

Comment va le monde ?, de Marc Favreau, mise en scène de Michel Bruzat, avec Marie Thomas
Théâtre des Carmes, 6 places des Carmes 84000 Avignon, 04 90 82 20 47, à 11h45


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