Actu théâtre - C’était Jeanne Moreau - (31/07/17)

Jeanne Moreau nous a quittés ce lundi 31 juillet 2017. Elle avait 89 ans et une carrière impressionnante. On pense d’abord à elle comme icône du cinéma et des réalisateurs de la Nouvelle Vague : François Truffaut (Jules et Jim, La mariée était en noir), Louis Malle (Ascenseur pour l’échafaud, Viva Maria !, Le feu follet), Godard (Une femme est une femme), Demy (La baie des anges)…  Mais elle a aussi tourné avec Vadim, Orson Welles, Blier (Les Valseuses), Duras, Mocky, Deville (Le Paltoquet), Agnès Varda, Ozon, Amos Gitaï… jusqu’à son dernier film Le talent de mes amis d’Alex Lutz en 2015. Elle-même réalisa deux films, Lumière en 1976 et L’adolescente en 1979.
Jeanne Moreau était aussi très présente au théâtre. A l’âge de 19 ans, elle joue déjà au Festival d’Avignon sous la direction de Jean Vilar dans La tragédie du roi Richard II de Shakespeare. Elle attendra encore quelques années pour décrocher des rôles de premier plan, comme celui de Nathalie d’Orange dans Le Prince de Hombourg en 1951 toujours à Avignon, Eliza Doolittle dans Pygmalion mis en scène par Jean Marais, ou Maggie dans La chatte sur un toit brûlant sous la direction de Peter Brook en 1956. Les années 60 sont dédiées au cinéma et elle revient au théâtre avec Claude Régy en 1974 qui la dirige dans la mythique Chevauchée sur le Lac de Constance de Peter Handke puis en 1976 dans Lulu de Wedekind. Parmi ses autres rôles marquants au théâtre, il y a celui du Récit de la servante Zerline d’Hermann Bloch mis en scène par Klaus Michael Grüber en 1986, puis La Célestine de Fernando de Rojas dirigée par Antoine Vitez avec Lambert Wilson en 1989 à Avignon. En 2009, on la retrouve dans La Guerre des fils de lumière contre les fils des ténèbres d'après La Guerre des Juifs de Flavius Josèphe, mise en scène Amos Gitaï, d’abord au Festival d'Avignon, puis à l’Odéon. Ces dernières années, cependant, elle ne donnait plus que des lectures, dont la dernière, Le condamné à mort de Jean Genet eut lieu à Avignon en 2011. Jeanne Moreau chantait aussi avant que sa voix ne change. Si on l’a connue avec une voix plutôt grave et éraillée, elle fut néanmoins une chanteuse à la voix cristalline. En témoignent ses interprétations de J’ai la mémoire qui flanche, le Tourbillon (Chanson de Jules et Jim), India Song (pour le film de Marguerite Duras avec Delphine Seyrig, mais dans lequel elle ne joue pas)…