IN : Le Prince de Hombourg
L’absurde au temps du romantisme - (12/07/14)
Il ne faut pas remporter la victoire quand vous n’en avez pas reçu l’ordre. Telle est la morale du Prince de Hombourg de Kleist, pièce fétiche du festival d’Avignon puisqu’elle y a été jouée deux fois, surtout par Gérard Philipe aux temps héroïques. Ce malheureux prince prussien, en effet, déjà connu pour son comportement fantasque, décide de passer à l’offensive, à la tête de ses troupes, contre les Suédois alors que l’Electeur Frédéric a demandé aux armées d’attendre. Hombourg et ses hommes triomphent. Fureur de l’Electeur : il faut fêter la victoire mais faire passer le vainqueur en cour martiale. Une course contre la montre s’engage pour que l’imprudent héros, aussitôt condamné à mort, soit sauvé. Mais celui-ci finit par trouver sa mort justifiée. Deux folies s’affrontent : celle du pouvoir aveugle et celle d’un homme plongé dans ses rêves. Kleist invente l’absurde bien avant Camus et Ionesco !
La mise en scène de Giorgio Barberio Corsetti transpose la pièce dans un temps imprécis qui pourrait être les années 1930. Beaucoup de soldats et d’officiers en capote bleu nuit ! Cela lui enlève un peu de sa nature romantique et dégage dans l’œuvre sa réflexion sur la soldatesque et l’absurdité du pouvoir militaire. En même temps, l’utilisation surprenante de la Cour d’honneur – projections d’images, acteurs aux fenêtres et au-dessus du vide – restitue beaucoup de l’onirisme que la transposition et l’interprétation de Xavier Gallais (remarquable, athlétique, mais dans la sécheresse, sans vibrato émotionnel) lui retirent. Luc-Antoine Diquero, dans le rôle de l’Electeur, est le plus puissant à l’intérieur d’une belle distribution (Anne Alvaro, Eléonore Jonquez, Jean Alibert). Le spectacle, qu’on peut discuter sur ses choix, est de toute façon à la hauteur de l’enjeu : splendide, aux dimensions du texte et du périlleux cadre du Palais des Papes.
Gilles Costaz
Le Prince de Hombourg de Kleist, mise en scène de Giorgio Barberio Corsetti.
Avignon, Palais des Papes, Cour d’honneur, jusqu’au 13 juillet.
Sceaux du 05/02/2015 au 14/02/2015, Gémeaux Sceaux Scène nationale
Toulon du 19/02/2015 au 20/02/2015, Théâtre Liberté de Toulon
Villeurbanne du 25/02/2015 au 08/03/2015, TNP Villeurbanne Théâtre national populaire
Belgique du 15/03/2015 au 20/03/2015, Théâtre de Liège
La mise en scène de Giorgio Barberio Corsetti transpose la pièce dans un temps imprécis qui pourrait être les années 1930. Beaucoup de soldats et d’officiers en capote bleu nuit ! Cela lui enlève un peu de sa nature romantique et dégage dans l’œuvre sa réflexion sur la soldatesque et l’absurdité du pouvoir militaire. En même temps, l’utilisation surprenante de la Cour d’honneur – projections d’images, acteurs aux fenêtres et au-dessus du vide – restitue beaucoup de l’onirisme que la transposition et l’interprétation de Xavier Gallais (remarquable, athlétique, mais dans la sécheresse, sans vibrato émotionnel) lui retirent. Luc-Antoine Diquero, dans le rôle de l’Electeur, est le plus puissant à l’intérieur d’une belle distribution (Anne Alvaro, Eléonore Jonquez, Jean Alibert). Le spectacle, qu’on peut discuter sur ses choix, est de toute façon à la hauteur de l’enjeu : splendide, aux dimensions du texte et du périlleux cadre du Palais des Papes.
Gilles Costaz
Le Prince de Hombourg de Kleist, mise en scène de Giorgio Barberio Corsetti.
Avignon, Palais des Papes, Cour d’honneur, jusqu’au 13 juillet.
Sceaux du 05/02/2015 au 14/02/2015, Gémeaux Sceaux Scène nationale
Toulon du 19/02/2015 au 20/02/2015, Théâtre Liberté de Toulon
Villeurbanne du 25/02/2015 au 08/03/2015, TNP Villeurbanne Théâtre national populaire
Belgique du 15/03/2015 au 20/03/2015, Théâtre de Liège
Avignon 2014
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