IN : Huis de Michel de Ghelderode et de Pauw
Un dyptique flamand - (10/07/14)

On ne joue plus beaucoup Michel de Ghelderode, écrivain belge d’expression française. Le revoilà donc en flamand puisque Josse de Pauw, Belge d’expression néerlandaise, monte en continuité deux pièces de Ghelderode (dont il a un peu réécrit la seconde) sous le titre Huis (maison). Dans Le Cavalier bizarre, un groupe de vieillards partageant une chambre d’hospice parlent de ce qu’ils ne voient pas mais de ce que leur décrit un guetteur : dehors un cavalier passe, qui est la Mort et qui, finalement, va faire son œuvre ailleurs. Dans Les Femmes au tombeau, les proches de Jésus, celles qui l’ont approché, discutent au lendemain de l’enterrement du Christ. Elles ne sont pas toutes des saintes, se querellent, parlent des hommes, retrouvant leur dimension humaine.
C’est un théâtre d’époque, qui respire le symbolisme et le fantastique des années 20, leur goût aussi des gens simples que les auteurs dépeignaient se débattant dans des mystères paysans. C’est vieillot, loin de nous, mais cela a gardé sa force rugueuse et rocailleuse. Josse de Pauwe compose ainsi une cérémonie de la pensée obscure, portée par la forte musique de Jan Kuijken et jouée par des acteurs rugueux et vrais. Le premier texte est éclairé à grands traits blancs, le second se déroule dans les couleurs primaires de tableaux religieux. On suit cela sans passion, mais avec l’œil curieux qui découvre tout à coup une œuvre marquante se détachant sur le mur d’un musée.