IN : Don Giovanni, dernière fête
Le tourbillon du bonheur - (10/07/14)
Bien des metteurs en scène nous horripilent quand ils tripatouillent les chefs-d’œuvre et les accommodent au gré d’une pensée mégalomaniaque. Pour Antú Romero Nunes, Chilien travaillant en Allemagne (cette fois, pour le Thalia Theater d’Hambourg), on lui saura gré au contraire d’avoir pris un liberté totale face au Don Giovanni de Mozart. C’est plus qu’un lifting. La musique n’est plus de Mozart mais de Johannes Hoffman (avec quand même des éléments de la partition originale et un mariage avec d’autres styles de musique, rock compris). L’orchestre sur scène est une sorte de fanfare de bazar. Les acteurs-chanteurs sont dans le faste du XVIIIe (soie, rubans, perruques, joues poudrées) mais entre l’image d’époque et la parodie, chic mais prêts à être parfois dévêtus et surtout chahutés. L’adresse au public est immédiate : à la première minute, Leporello invite le public à respirer et à chanter avec lui.
C’est une fête construite sur l’idée de bonheur. Aujourd’hui, nos notions traditionnelles de l’amour sont peut-être finies, la mort est à la porte, mais le bonheur peut être atteint dans l’au-delà des idéologies du plaisir usées par le temps. Cette réflexion passe par un spectacle tourbillonnant, des acteurs en pleine ébullition (Sebastian Zimmler, Mirco Kreibch), des textes brillants (comme de l’Heiner Müller drôle), un théâtre nu éclairé par des cercles de lumière, un mouvement de farce profonde et une invite au public comme on l’a rarement vu. Allègrement le spectacle ouvre des perspectives plutôt neuves sur le plaisir, le rôle de Leporello (aussi important que Don Juan et aussi élégamment vêtu) et le mensonge social. C’est enthousiasmant.
Gilles Costaz
Don Giovanni, dernière fête, "une comédie bâtarde librement adaptée de Mozart et da Ponte" par Antú Romero Nunes et Johannes Hofmann
Opéra Grand Avignon, jusqu’au 11 juillet.
Photo : Armin Smailovic
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C’est une fête construite sur l’idée de bonheur. Aujourd’hui, nos notions traditionnelles de l’amour sont peut-être finies, la mort est à la porte, mais le bonheur peut être atteint dans l’au-delà des idéologies du plaisir usées par le temps. Cette réflexion passe par un spectacle tourbillonnant, des acteurs en pleine ébullition (Sebastian Zimmler, Mirco Kreibch), des textes brillants (comme de l’Heiner Müller drôle), un théâtre nu éclairé par des cercles de lumière, un mouvement de farce profonde et une invite au public comme on l’a rarement vu. Allègrement le spectacle ouvre des perspectives plutôt neuves sur le plaisir, le rôle de Leporello (aussi important que Don Juan et aussi élégamment vêtu) et le mensonge social. C’est enthousiasmant.
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