Critique Off - Le Mariage de Figaro - Torreton, tambour et cœur battant

Dans la mise en scène de Léna Bréban à La Scala Provence, Le Mariage de Figaro retrouve toute sa puissance satirique et son souffle révolutionnaire. L’intrigue, toujours aussi trépidante, voit Figaro, valet du Comte Almaviva, tenter d’épouser Suzanne, camériste de la Comtesse. Mais le Comte, animé par le désir de rétablir son droit de cuissage, multiplie les obstacles, tandis que les manigances et les quiproquos s’enchaînent à un rythme effréné. La pièce, écrite à la veille de la Révolution, dénonce avec une ironie mordante les privilèges et excès de la noblesse, l’injustice sociale et les inégalités de genre. Beaumarchais y dresse un portrait acide de la société de l’Ancien Régime, tout en donnant une voix puissante aux femmes, notamment à travers le personnage de Marceline qui réclame une sororité et la fin de la domination masculine. Le choix de Philippe Torreton, dans un Figaro plus mûr, renouvelle la lecture du texte : le mariage de Figaro et de Suzanne, à l’aube de la soixantaine, prend une dimension existentielle, où l’urgence de vivre et d’aimer se fait sentir avec intensité. Philippe Torreton, qui rêvait d’incarner ce rôle, s’empare du personnage avec une humanité bouleversante. La mise en scène, enlevée et rythmée, souligne la vitalité de la pièce tout en laissant affleurer sa gravité. L’ensemble de la troupe fait vibrer le texte avec une énergie communicative, donnant à voir un Mariage de Figaro aussi jubilatoire que nécessaire.