Critique In - MAMI - Au nom de toutes les mères

C’est un choc indéniable. Sur un plateau aux allures de lande dévastée, sol recouvert de terre, unique lampadaire, un bloc de briques claires d’où sort une jeune femme enceinte. Elle y rentre et on l’entend, hurlements à l’appui, mettre au monde son enfant. Dans la séquence suivante, comme une boucle vertigineuse, la mère est devenue vieillarde, elle porte une couche. L’enfant devenu adulte est celui qui prend soin d’elle. Fait sa toilette, son lit, la change, la nourrit. Une vie est passée par là, et avec elle son lot de souffrances. Les rôles se sont inversés. Celui qui était dépendant est désormais celui dont la vie de l’autre dépend. Entre temps, des histoires d’amour, de sexe, de trahisons. Ce théâtre du rituel, de la souffrance, de la colère, du symbole se déploie sans la moindre parole. Mario Banushi construit son récit par tableaux successifs qui, toujours, mettent la femme au cœur : mater dolorosa, vierge au supplice, femme naine qui joue tour à tour la sage-femme et la mère nourricière. Et toujours cette musique entêtante, mélancolique. Le metteur en scène albanais, 26 ans seulement, a grandi avec plusieurs mères. De 1 an à 13 ans, il a été élevé par sa grand-mère, avant de retrouver sa mère et de s’installer à Athènes avec elle, et cerné de nombreuses femmes.
C’est elle, à elles toutes qu’il célèbre dans MAMI. Mot qui, en espagnol, signifie "maman", mais en français évoque la grand-mère. Parfois on s’enflamme pour la beauté de ce grand poème visuel, parfois le malaise nous étreint. Mais de ce théâtre d’images à nul autre pareil, une certitude émerge : elle porte la patte d’un auteur unique et singulier.
C’est elle, à elles toutes qu’il célèbre dans MAMI. Mot qui, en espagnol, signifie "maman", mais en français évoque la grand-mère. Parfois on s’enflamme pour la beauté de ce grand poème visuel, parfois le malaise nous étreint. Mais de ce théâtre d’images à nul autre pareil, une certitude émerge : elle porte la patte d’un auteur unique et singulier.
Nedjma Van Egmond
Dans le IN
MAMI, création et mise en scène Mario Banushi, avec Vasiliki Driva, Dimitris Lagos, Eftychia Stefanou, Angeliki Stellatou, Fotis Stratigos, Panagiota Υiagli. Gymnase du lycée Aubanel, 14 rue Palapharnerie 84000 Avignon, du 13 au 18/07, à 18h30