Critique Off. LES CHATOUILLES - Derrière le rire, l'horreur
Andréa Bescond est Odette. Odette a 8 ans lorsqu'elle est en train de dessiner dans sa chambre. Gilbert, un ami de ses parents, l'emmène dans la salle de bain pour jouer à la poupée, et lui infliger ses premières “chatouilles”. Odette a 12 ans lorsqu'elle peut enfin partir loin de chez elle, loin des viols répétés de Gilbert. Elle entre au Conservatoire pour devenir danseuse étoile, mais même là-bas, son prédateur la poursuit. Odette a 30 ans lorsqu'elle se retrouve chez le psy, en compagnie de sa mère, murée dans le déni. Elle tente de trouver une voie pour se libérer de ce traumatisme qui l'a conduite à fuir sa vie. Cette histoire, Andréa Bescond l'a écrite et la joue. Elle réussit un coup de maître : parler de la pédophilie au théâtre sans sombrer dans le sordide ; elle parvient même à y mettre de l'humour, salutaire pour supporter le calvaire d'Odette. L'actrice est tous les personnages : victime, famille et violeur, et aussi professeur de danse. Elle est aussi les policiers qui recueillent sa plainte, quinze ans après les faits. Pour passer d'un personnage à l'autre, un geste, une posture, une mèche de cheveu derrière son oreille et l'autre apparaît. Un spectacle nécessaire et magistral.
Hadrien Volle
Dans le Off
Les Chatouilles, de et avec Andréa Bescond, mise en scène Eric Metayer. Théâtre du Chêne Noir, 8 bis rue Sainte-Catherine 84000 Avignon, 04 90 86 74 87, à 14h
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