Critique Off. Les biches ne brament pas au clair de lune - Fragments de la rupture amoureuse

Les histoires d’amour finissent mal, en général. Félicité Chaton en sait quelque chose, qui a fait de la rupture amoureuse le cœur de son spectacle Les biches ne brament pas au clair de lune. Après avoir exploré (de façon très personnelle) Peter Handke et Georg Büchner, elle est aujourd’hui la matière-même de son solo, "né d’un trou noir et avançant vers la reconstruction".
Accompagnée de Morgane Lory et Laure Desmazières à la dramaturgie et à l’écriture, elle plonge dans les affres du chagrin d’amour avec une virtuosité et un humour débridés. Sur scène, un long paperboard affiche, en lettres majuscules, le programme qu’elle s’est imposé pour panser ses plaies. "Sortir la tête de l’eau, douter, se rappeler la rencontre/ la rupture, voir du monde". Et pour décor, un lit gonflable avec couette blanche, une pile de livres.
Trop vite (et mal) quittée par son amoureux italien, F., son double scénique, cherche le réconfort où elle le peut : dans le théâtre, le jeu de tarot, l’analyse ou les applis de rencontres. Elle revisite les dernières semaines et le moment de la déflagration qui lui a laissé le corps et le cœur en morceaux. Elle raconte la solitude, d’abord et la quête du prince charmant, sa rencontre et l’émoi de la première fois, le doute puis l’abandon. Avec une simple étoffe rose qu’elle noue et dénoue à loisir, elle est tour à tour une tragédienne coiffée d’une couronne de fleurs qui s’épanche, une jeune femme en robe du soir parée pour un rendez-vous consolateur, la bonne copine un peu gnangnan ou la grande sœur maladroite. Elle convoque également de brillants penseurs et auteurs, d’Anne Dufourmantelle à Camille Froidevaux-Metterie, en passant par René Char. D’une irrésistible drôlerie, elle va, court, vole, grimpe littéralement au mur et force habilement le trait, de drame en clowneries désopilantes, dans une impressionnante palette de jeux, maniant les tons, le rythme et les accents, au son d’Haendel et d’Abba, des Pixies et de standards populaires italiens. Un seule-en-scène libérateur et réjouissant, prompt à redonner un espoir joyeux aux plus désespéré(e)s.

Nedjma Van Egmond


Dans le Off
Les biches ne brament pas au clair de lune, Théâtre de la Reine Blanche, 16 rue de la Grande Fusterie. Jusqu’au 21 juillet, 12h50. Relâches les 8 et 15 juillet.
 



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