PARIS : Eric Ruf, nouvel Administrateur général
de la Comédie-Française - (17/07/14)

On savait depuis plusieurs mois déjà qu’il était candidat à la succession de Muriel Mayette. Une succession pas facile puisque Muriel Mayette a marqué l’Histoire de la troupe. D’abord par sa nomination en 2006, en tant que première femme Administrateur général. Et aussi parce que depuis huit ans, elle a complètement renouvelé l’image de la maison de Molière. D’abord par les engagements de nouveaux pensionnaires et ensuite par toute la communication entreprise autour. 
Comme Muriel Mayette, Eric Ruf est un pur produit de la Comédie-Française où il est entré comme pensionnaire en 1993. Artiste multitâches, comédien, metteur en scène, scénographe de talent, il compte vingt-et-un ans au service d’une maison dont il connaît parfaitement les rouages. Une longévité qui lui donne la légitimité de diriger la troupe. C’est le contexte budgétaire compliqué qui l’a motivé surtout. Plus qu’une ambition personnelle. Pour preuve, il se préoccupe du théâtre qui l’emploie, n’a pas postulé à la direction d’un autre. "Soucieux d’un dialogue respectueux et fertile au sein du théâtre de la Comédie-Française et en invitant des artistes capables des visions les plus éclairées sur les oeuvres, je souhaite défendre un théâtre populaire dans la haute acception du terme, un théâtre ne faisant jamais l’économie de ses oripeaux décoratifs et n’oubliant jamais la profondeur, la beauté, la poésie et le rire." a t-il déclaré hier lors de l’annonce de sa nomination. S’il côtoie une troupe dont il connaît la richesse des personnalités, il sait que le talent ne peut pas tourner à vide, qu’il doit être entretenu, cultivé, nourri. Et ce malgré la crise. Lui qui a été dirigé par des légendes de la mise en scène comme Anatoli Vassiliev dans Amphitryon et Bob Wilson dans les Fables de la Fontaine, aimerait donner à ses camarades la possibilité de rencontres aussi remarquables : il rêve de voir la troupe travailler avec Krystian Lupa, Thomas Ostermeier… 

Hélène Chevrier

Photo : Christophe Raynaud de Lage