Critique In. Autophagies : papesse en cuisine - (18/07/21)
Savons-nous réellement ce que nous mangeons ? Ce qui se cache derrière nos aliments, ce lot de souffrances, de vies brisées ? Dans Autophagies (Histoires de bananes, riz, tomates, cacahuètes, palmiers. Et puis des fruits, du sucre, du chocolat), Eva Doumbia tente de dévoiler l’envers du décor, de remonter le fil de l’histoire coloniale par le menu. Au plateau, chaque comédien prend un aliment en charge, déconstruit les idées reçues qui lui sont liées et révèle ses douloureuses origines. Émaillé d’une communion chocolatée et d’incantations répétées en chœur, l’ensemble prend la forme d’une cérémonie, sous la houlette de la metteuse en scène en maîtresse, prêtresse, papesse, et c’est là que le bât blesse.
Car, si le propos ne manque pas d’intérêt, Eva Doumbia s’enferre dans une tonalité péremptoire et didactique, qui donne une leçon au public venu apprécier son travail, façon nouveau catéchisme. Si les comédiens ne manquent ni d’engagement, ni de force, ils se retrouvent prisonniers de ce parti-pris qui prend plus de haut qu’il ne prend de hauteur. Pour tenter de faire passer cette pilule amère, un mafé est servi en guise d’ultime rituel. Las, il en faudra bien plus pour se laisser amadouer.
Vincent Bouquet
Autophagies, de Eva Doumbia
Complexe socioculturel de la Barbière, Festival d’Avignon, Avenue du Roi Soleil 84000 Avignon, 04 90 14 14 14, du 14/07 au 20/07
Les représentations des 18, 19 et 20 juillet sont annulées pour cause de cas contacts au sein de l'équipe
Photo : Autophagies © Christophe Raynaud de Lage