Critique In. Une femme en pièces : la famille d’après - (19/07/21)
La séquence d’ouverture d’Une femme en pièces est conçue pour marquer les esprits et s’imprimer dans les mémoires. Avant Kornél Mundruczó, rares étaient les metteurs en scène qui avaient osé donner à voir, plus de trente minutes durant, un accouchement au plateau. Un pari risqué auquel l’artiste confère une réelle justesse grâce à son œil cinématographique. Un pari d’autant plus risqué que l’événement tourne à la catastrophe, à la mort du nouveau-né, qui précipite toute une famille dans un monde d’après le drame, et dans un théâtre on-ne-peut-plus naturaliste.
Dans la scénographie imposante de Monika Pormale, comme dans le jeu de la troupe de comédiens polonais, remarquables et étonnants d’authenticité, tout concourt à montrer, sans pathos, ni jugement, et avec la neutralité d’un observateur extérieur, la quête de l’impossible reconstruction d’une famille en lambeaux. Si le spectacle peut paraître un peu déjà-vu dans sa forme, et tellement maîtrisé qu’il en devient parfois lisse, ne laissant que peu d’interstices aux spectateurs pour s’y glisser, il n’en demeure pas moins d’une intense efficacité dans sa façon de prendre à-bras-le-corps l’un des sujets les plus tabous de notre société.
Vincent Bouquet
Une femme en pièces, de Kata Wéber, mise en scène Kornél Mundruczó
Gymnase du Lycée Aubanel, Festival d’Avignon, Rue Palapharnerie 84000 Avignon, 04 90 124 14 14, du 17 au 25/07
Photo : Une femme en pièces © Christophe Raynaud de Lage