Critique In. The Sheep Song : mouton noir - (18/07/21)
De 300 el x 50 el x 30 el au Pays de Nod, le mouton est, depuis plusieurs années, l’une des figures récurrentes du travail du FC Bergman. Dans The Sheep Song, le collectif anversois va plus loin en le plaçant au centre de tout, au cœur d’une fable sur la volonté de sortir de sa condition pour devenir humain. Parti de la bergerie où il végétait, l’animal passe un pacte faustien et se lance à la conquête du monde, avec les difficultés et les oppositions qu’une telle démarche suppose, s’exposant à la cruauté d’une société qui rejette autrui et sa différence.
Comme toujours chez les Anversois, la proposition, portée par le danseur Jonas Vermeulen, incroyable en homme-mouton, est techniquement impressionnante, réglée au millimètre, et accouche de quelques beaux et sombres tableaux, savamment référencés. Sauf que, contrairement à ses prédécesseurs, The Sheep Song souffre d’une trame narrative qui peine à surprendre et d’un geste artistique pour le moins appuyé. Surtout, il délivre, au sortir, une morale moyenâgeuse, empreinte d’une religiosité conservatrice, qui étonne au vu des précédents spectacles du collectif, habituellement plus enclin à la poétique féconde qu’aux assertions dépassées.
Vincent Bouquet
The Sheep Song, du FC Bergman
L’Autre Scène du Grand Avignon, Festival d’Avignon, Avenue Pierre de Coubertin 84270 Vedène, 04 90 14 14 14, du 16/07 au 25/07
Photo : The Sheep Song © Christophe Raynaud de Lage