Critique Off - TABLEAU D'UNE EXECUTION - l'art à l'épreuve du politique

La bataille de Lépante eut lieu en 1571 et vit les Vénitiens l‘emporter sur les Ottomans. Ce fut une bataille navale terrible avec des dizaines de milliers de morts de chaque coté. Dans la pièce de Barker, le Doge, fin politicien et amateur d’art, passe commande auprès de Galactia pour peindre une immense fresque supposée célébrer la victoire de la Sainte Ligue chrétienne. Mais Galactia, femme ardente et de caractère, ne l’entend pas de cette oreille, elle veut peindre la vérité, l’horrible vérité, le massacre, la cruauté de la guerre, les chairs à vif. Peu lui chaut les menaces. La lutte s’engage. Plusieurs visions de l’art s’opposent alors et un débat s’installe entre le politique, le religieux et l’artiste portant chacun des conceptions et des attentes  différentes. Se posent en filigrane la question de la puissance de l’image,  du message de l’oeuvre, et comme dirait Marcel Duchamp du « regardeur qui fait la toile ». Eternelles questions qu’adresse ce texte puissant et direct de Howard Barker dans une mise en scène décomplexée et efficace de Agnès Régolo. Les scènes s’enchainent sans faiblir, pas de chevalets, pas de toiles, pas de gouttes de peinture, la mise en scène est épurée, ne restent que le texte qui pose intelligemment le ou les débats, et les comédiens au cordeau qui incarnent des personnages un poil archétypaux.
 
Enric Dausset
 
Tableau d’une exécution, texte Howard Barker, mise en scène Agnès Régolo, avec Maud Narboni, Kristof Lorion, Pascal Henry, Rosalie Comby, Nicolas Geny et Antoine Laudet
Théâtre des Halles, 22 rue du roi René 84000 Avignon,  du 7 au 26 juillet, relâche les 13 et 20 juillet.

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