Critique OFF - Les poupées persanes : l’Iran au coeur

Il était une fois… Deux amoureux, l’un musicien, l’autre universitaire, qui portaient le même prénom que ceux d’une légende perse, Bijan et Manijeh. Et l’un de leurs amis chers, engagé à corps perdu dans la lutte pour la liberté. Il était une fois… une mère et ses filles en vacances aux sports d’hiver, et elle tenue de leur révéler un secret de famille enfoui depuis vingt ans.
Il était une fois… un combat avorté, un peuple sacrifié, un héritage trop lourd à porter. Les poupées persanes, à la manière de poupées russes s’emboîtent à un rythme vertigineux dans un récit entre hier et aujourd’hui, intime et histoire, France et Iran. On doit la virtuosité de ce conte contemporain à la plume d’Aïda Asgharzadeh qui, voilà quatre ans, ici même signait déjà La Main de Leïla. Nourrie des questionnements de ses parents, de l’exil, du doute, elle livre un texte implacable qui nous balade entre les lieux (Avoriaz et l’Iran) et les époques (années 70 et passage à l’an 2000), entre rires et larmes. D’Aïda Asgharzadeh (qui joue aussi merveilleusement) à Kamel Isker, d’Azize Kabouche à  Toufan Manoutcheri, de Sylvain Mossot à Ariane Mourier, les acteurs, excellents campent une multitude de personnages, passant de l’un à l’autre avec une perruque, un foulard, une paire de lunettes seulement. Régis Vallée, acteur fétiche et compagnon de route d’Alexis Michalik signe la mise en scène et ce spectacle porte assurément la même patte : celle d’un théâtre avec changement de décors à vue et grande ingéniosité, un théâtre sans esbroufe et brillant, inventif et généreux, vibrionnant et émouvant.

Nedjma Van Egmond

Les poupées persanes, une pièce d’Aïda Asgharzadeh, mise en scène Régis Vallée, avec Aïda Asgharzadeh, Kamel Isker, Azize Kabouche, Toufan Manoutcheri, Sylvain Mossot, Ariane Mourierau Théâtre des Béliers Avignon, 53 rue du du Portail Magnanen 84000 Avignon, 04 90 82 21 07, du 7 au 30 juillet, à 15h25, relâches les 12, 19 et 26. A partir du 24 août aux Béliers parisiens.