Critique OFF - Britannicus, quel cirque !
C’est un chic type, ce Pierre Lericq. Costume de monsieur Loyal, visage peinturluré de blanc, joues et lèvres écarlates, cravache à la main, il mène toute sa troupe à la baguette pour nous conter une version très rock n’trash de Britannicus. En mai 68 de notre ère (oui, oui, on ne craint pas de prendre ici quelques libertés avec l’original), l’empereur romain Claude trépasse, empoisonné par une omelette que lui a mitonnée son épouse Aggripine, qui veut nommer à la tête de l’Empire son rejeton Néron, amoureux de Junie, la promise de son frère Britannicus[N1] . N’en jetez plus !
Complots, guerre fratricide, bain de sang, inceste : la tragédie racinienne est connue, elle n’a, bien évidemment, rien de gai. Mais voilà, avec les Epis noirs, toute cette sombre intrigue prend des couleurs, baignée d’humour et empreinte de douce folie. Sur un plateau presque nu avec quelques éléments qui figurent un décor de cirque, ces joyeux drilles lui impriment, surtout, la marque qui fait le succès de la troupe depuis plus de 25 ans déjà… Musique, chansons réjouissantes, théâtre de tréteaux, dialogues désopilants truffés de blagues potaches et interprètes bondissants et survoltés. Qu’ils s’attèlent aux grands textes du répertoire (de Andromaque à Britannicus, en passant par Don Juan) ou qu’ils revisitent les mythes et textes fondateurs, d’Orphée à la Genèse, qu’ils nous content la folle histoire de l’humanité (Allons Enfants) ou une folle histoire d’amour (Flon-Flon), ces acteurs chanteurs musiciens de talent nous embarquent avec un bonheur toujours renouvelé dans leur folle sarabande. Courrez !
Nedjma van Egmond
Britannicus, tragic circus, auteur, metteur en scène, et musique originale : Pierre Lericq, avec la Compagnie Les Épis Noirs, Théâtre du Balcon, du 7 au 30 juillet à 19h55, relâche les 12, 19 et 26 juillet, https://www.theatredubalcon.org/