Critique IN - One Song : Le théâtre comme sport de combat
Ils surgissent telle une armée prête à en découdre. En haut du gradin, trône une entraîneuse-matriarche qui sermonne et encourage ses petits poulains ; à ses côtés, s’excitent une bande de supporters dignes des meilleurs chaudrons footballistiques ; tandis que, en contrebas, s’alignent les cinq stars de la soirée, accompagnées d’un pom-pom boy, déjà à l’échauffement.
Ce qui s’annonçait comme un match de haute volée prend rapidement l’allure d’un concert hors-norme quand les comédiens-sportifs s’emparent de leurs instruments : une batterie démultipliée, un clavier surélevé, un violon en équilibre et une contrebasse à l’horizontale. Au rythme d’un métronome de plus en plus fou, tous vont répéter à l’envi cette One Song, fiévreuse et endiablée, en s’adonnant à des exercices physiques (abdos, poutre, saut, sprint, course) d’une intensité rare.
Après Milo Rau, Faustin Linyekula et Angélica Liddell, l’Histoire du théâtre de Miet Warlop donne lieu à un petit miracle, qui réveille ce 76e Festival d’Avignon. Cathartique en diable, elle repousse les limites d’un art qui ne recule devant aucune audace pour accoucher, à la force du collectif, d’une transe consolatrice, et profondément bouleversante.
Vincent Bouquet
One Song, Histoire(s) du théâtre IV
Conception et mise en scène Miet Warlop
du 8 au 14/07, Festival d’Avignon, Cour du Lycée Saint-Joseph, 62 rue des Lices, 84000 Avignon, 04 90 14 14 14, puis en tournée à Marseille, Arras, Valence et Dijon