Critique IN - Milk : fake
 

On attendait beaucoup de ce spectacle qui annonçait une performance forte et très visuelle. Les images diffusées en amont de la création montrent des corps de femmes aux seins démultipliés suintant de lait. Son concepteur, le jeune auteur palestinien Bashar Murkus a cherché à montrer ce qu’endurent les corps des femmes quand on les prive de leurs enfants. La guerre bien sûr est en cause, mais la douleur est la même quelle que soit la cause de la mort d’un enfant souligne-t-il… Plutôt qu’une histoire et des paroles, Bashar Murkus a préféré coller des images fortes sur de la musique. Or ce collage ne prend pas. Ni quand les femmes embrassent des grands mannequins, ni quand l’une d’elles accouche d’un adulte relié à elle par un énorme cordon, ni quand ce grand homme se serre sur leurs genoux, ni quand il patauge dans une immense piscine de lait, ni même quand il meure. Rien n’y fait, aucune émotion ne sort de toutes ces postures, ni des violons pourtant diffusés à fond. Seul peut-être l’épuisement du seul acteur masculin à déplacer les énormes tapis qui jonchent le sol pourrait nous toucher. Sans doute parce que ses efforts sont réels alors que tout le reste est faux sur scène : les enfants sont des mannequins, les seins sont des prothèses, le lait, le sang et même la musique est enregistrée… tout est fake.

Hélène Chevrier
 
Milk, conception et mise en scène Bashar Murkus, avec Firielle Al Jubeh, Eddie Dow, Samera Kadry, Shaden Kanboura, Salwa Nakkara, Reem Talhami, Samaa Wakim.
L'Autre Scène du Grand Avignon, avenue Pierre de Coubertin, Vedène, 04 90 14 14 14, du 10 au 16/07 à 15h, relâche le 13/07