Critique Off - Les histrioniques - Prose de combat

Toutes fondatrices du collectif #Metoothéâtre, elles sont six bêtes de scène, qui tricotent réel et fiction, prose de combat et séquences drolatiques, dans le spectacle Les histrioniques sous-titré Un trou dans la raquette, réjouissant accompagnement au plateau des actions qu’elles mènent depuis plus de cinq ans maintenant. Objectif affiché : "en découdre avec la culture du viol et l’impunité." Puisant aux sources du collectif, elles racontent sa naissance, dans la foulée de l’affaire Michel Didym, l’ancien directeur de la Manufacture de Nancy et du festival d’écritures contemporaines La Mousson d’été, accusé de viol par une comédienne. Une foule d’autres affaires ont suivi, dont plusieurs sont encore en cours.
Sur scène donc, Séphora Heymann, Marie-Coquille Chambel, Louise Brzezowska-Dudek, Nadège Cathelineau et Julie Ménard multiplient les costumes, de shorts de sport en robes à paillettes, et les métamorphoses. Elles racontent leur lutte via une messagerie en surchauffe, scandent "On balance les corps vous les engraissez", mais aussi incarnent tour à tour des fonctionnaires du ministère de la Culture littéralement débordés et inefficaces ou des tenants d’un ancien monde théâtral affichant leur viril pouvoir et se soutenant les uns les autres contre vents et marées. Le monologue d’un certain Timothée Petit tentant de laver son honneur (toute ressemblance avec des personnes ayant existé n’est pas fortuite) sous forme d’alexandrins est un morceau de bravoure désopilant. L’ensemble, mené pied au plancher avec un humour et une énergie de tous les diables éveille les consciences. Deux micro-bémols : une fin qui traine en longueur dans le discours, et des références qui font mouche pour les initiés (une partie du public avignonnais) mais peuvent risquer d’exclure les autres.Nedjma Van Egmond
Dans le OFF
Les histrioniques, Un trou dans la raquette, avec Séphora Heymann, Marie-Coquille Chambel, Louise Brzezowska-Dudek, Nadège Cathelineau, Elizabeth Saint-Jalmes et Julie Ménard. 11 Avignon, jusqu’au 24 juillet, 20h20