Critique In - Les clefs d’Avignon - Le festival, d’hier et d’aujourd’hui

"Le ciel, la nuit, le texte, le peuple, la fête". Ainsi Jean Vilar résumait-il son festival d’Avignon rêvé. Et depuis près de 80 ans, les directeurs se succèdent, mais le rêve continue de s’incarner, à chaque joli mois de juillet, dans ces cinq mots. Pour retracer l’histoire d’un événement unique au monde, le festival a enfin son musée permanent. Etabli au sein de la Maison Jean Vilar, haut lieu de mémoire, l’exposition "Les clés du festival" invite à revivre la dense aventure entre mots et images, sons et maquettes, costumes de légende et décors emblématiques, de Léon Gischia notamment. Ce sont mille documents et archives de la maison et des collections de la Bibliothèque nationale de France réunis au fil d’une scénographie originale et immersive, au premier étage du lieu. Elle se déploie en plusieurs séquences. Remonte le fil de l’histoire, de 1947 à nos jours, depuis « La semaine d’art en Avignon » qui proposait trois représentations pour 4818 spectateurs, jusqu’à 2025 (42 spectacles et plus de 120 000 spectateurs déjà côté festival In, plus de 1700 spectacles côté Off). Puis évoque les grands artistes qui l’ont traversé, venus des quatre coins du monde, raconte la métamorphose de la ville, le foisonnement du Off et enfin la fabrique de l’événement. Ici on entend les trompettes de Maurice Jarre, là on revoit les noms des historiques du TNP, de Michel Bouquet à Daniel Sorano, de Maria Casarès à Gérard Philipe. Ailleurs on se souvient des soulèvements de juillet 68 qui clamaient "Non à la culture de Papa" ou de la mort subite de Jean Vilar en 71. On revoit encore images ou captations de moments-culte signés Ariane Mnouchkine, Jo Lavaudant, Maurice Béart, Stanislas Nordey et, plus près de nous, du « Thyeste » de Thomas Jolly ou d’Angelica Liddell, on se souvient de l’annulation tragique de 2003, après le mouvement des intermittents du spectacles.
Alain Crombecque, ancien directeur, note "Cette ville est dévorée par le théâtre." Et Tiago Rodrigues son actuel patron se réjouit qu’Avignon "reste fidèle à ses idées fondatrices et se déclare populaire, démocratique, républicain, progressiste, écologiste, féministe et antiraciste." Passionnant !

Nedjma Van Egmond


Dans le IN
Exposition les clés du festival
. Maison Jean Vilar, jusqu’au 26 juillet de 11h à 20h.
Fermeture de la Maison Jean Vilar en août puis ouverture toute l’année du mardi au samedi de 14h à 18h



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