Critique Off - Comme tu me vois - Voyage en grossophobie


Il se tient là, devant nous, immobile, pendant qu’une voix off déroule une longue litanie de chiffres qui donnent le tournis. Plus de deux milliards d’adultes sont en surpoids dans le monde dont 650 millions seraient obèses. 40 millions d’enfants de moins de 5 ans sont atteints par le surpoids et l’obésité. En France, près d’un adulte sur deux serait concerné.
Le comédien Grégori Miège (notamment vu dans Peer Gynt ou Dom Juan de David Bobée) est l’un de ceux-là. Il se tient là, devant nous, immobile, avant de se livrer. Son récit à la première personne mêle fiction, témoignages (d’adultes, d’enfants, de médecins, de mères), autobiographie et distille nombre de clichés enracinés dans le bon sens populaire, qui nourrissent la grossophobie ordinaire. Il raconte les régimes, les humiliations et les brimades, une vie passée au crible par les proches, par le corps médical, par le monde entier.
Son corps hors-normes, champ de bataille, se rappelle à lui au quotidien.
Il s’appuie sur son vécu mais aussi sur le travail sociologique d’Arnaud Alessandrin et sémiologique de Marielle Toulze. Sur un plateau nu, l’intimité se révèle entre théâtre et danse entêtante à la musique mélancolique. Seules les lumières sculptées (Stéphane Babi Aubert) l’habillent. Grégori Miège, et tous ceux dont il porte ici la voix ont connu la réserve et l’effroi, le plaisir et la culpabilité, la colère et la honte. Douloureuse compagne des jours et nuits, qu’il affiche en lettres géantes et capitales sur le plateau. "Il faut les voir ces regards appuyés se retourner avec insistance. Assumer une singularité qui dérange. Être en son corps à sa façon. Être gros, être grosse, c’est être courageux, courageuse. Digne. Dans un face-à-face avec vos évidences, c’est tenir une ligne de front". Ce solo épuré et puissant y contribue assurément.
Le comédien Grégori Miège (notamment vu dans Peer Gynt ou Dom Juan de David Bobée) est l’un de ceux-là. Il se tient là, devant nous, immobile, avant de se livrer. Son récit à la première personne mêle fiction, témoignages (d’adultes, d’enfants, de médecins, de mères), autobiographie et distille nombre de clichés enracinés dans le bon sens populaire, qui nourrissent la grossophobie ordinaire. Il raconte les régimes, les humiliations et les brimades, une vie passée au crible par les proches, par le corps médical, par le monde entier.
Son corps hors-normes, champ de bataille, se rappelle à lui au quotidien.
Il s’appuie sur son vécu mais aussi sur le travail sociologique d’Arnaud Alessandrin et sémiologique de Marielle Toulze. Sur un plateau nu, l’intimité se révèle entre théâtre et danse entêtante à la musique mélancolique. Seules les lumières sculptées (Stéphane Babi Aubert) l’habillent. Grégori Miège, et tous ceux dont il porte ici la voix ont connu la réserve et l’effroi, le plaisir et la culpabilité, la colère et la honte. Douloureuse compagne des jours et nuits, qu’il affiche en lettres géantes et capitales sur le plateau. "Il faut les voir ces regards appuyés se retourner avec insistance. Assumer une singularité qui dérange. Être en son corps à sa façon. Être gros, être grosse, c’est être courageux, courageuse. Digne. Dans un face-à-face avec vos évidences, c’est tenir une ligne de front". Ce solo épuré et puissant y contribue assurément.
Nedjma Van Egmond
Dans le OFF
Comme tu me vois, récits d’une grossophobie ordinaire, d’Arnaud Alessandrin, Grégori Miège, Marielle Toulze, avec Grégori Miège. Théâtre du Train Bleu, à 18h45 jusqu’au 24 juillet