Critique Off. Mercutio - Shakespeare chez Baz Luhrmann

Quelle riche idée de déplacer le regard d’une œuvre culte, depuis ses héros jusqu’à un second rôle, pourtant déterminant dans l’intrigue. Romeo et Juliette, l’histoire est connue. Celle d’un amour impossible, chacun appartenant à un clan ennemi. La mort du meilleur ami de Romeo par la main du cousin de Juliette, Tybalt, envenime le conflit et fait basculer la romance vers la tragédie. Dans cette version signée du collectif Nox, façon spin-off, Mercutio devient donc le héros principal. C’est un beau parleur fantasque et joyeux. Short noir et torse nu, l’histrion vibrionnant et noceur va, court, vole, danse, fait la fête, mord la vie, un peu trop. La faute à une enfance difficile et des années malmenées, qu’on comprendra et que lui tente d’oublier. Mais c’est compter sans ses démons et ses peurs qui viennent le visiter quand il est seul et le condamnent à une mort prématurée et tragique sous la lune.
Vérone devient le décor d’un cabaret joyeux et haut en couleurs, la langue de Shakespeare est modernisée sans rien perdre de sa saveur originale, dans une partition qui mêle Brel et Alizée, et qui, entre loupiotes, costumes colorés et maquillages burtoniens, donne à l’ensemble des allures de comédie musicale de Baz Lurhmann, entre Gatsby et Moulin rouge. Un réjouissant voyage

Nedjma Van Egmond


Dans le OFF
Mercutio
, de Kévin Salles d’après William Shakespeare, mise en scène de Kévin Salles, avec Kevin Abgrall, Lucas Berger, Simon Davalos, Tudual Gallic, Diane Renier, Bokai Xie. Rouge-Gorge, jusqu’au 21 juillet, 15h25






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