Critique Off. La Force de la farce - La force est avec lui !

Le grand fou dégingandé se tient là devant nous, coupe de cheveux improbable, moustache ad hoc, immenses yeux bleus écarquillés et sourire plein de dents. Il porte un pantalon de tergal marron trop court, un polo de lycra moulant, des mocassins beiges d’un autre âge, ses "tatanes premium" à lui. On est en 1977, la fin du monde est pour bientôt et Patrice, comédien raté qui s’est reconverti dans le négoce de farces et attrapes, s’est donné une mission : sauver l’humanité par le rire. Dans le disque magique qu’il se destine à envoyer dans l’espace, le gentil ahuri compilera blagues potaches, jeux de mots et rafale de gags. Son seul compagnon d’infortune, une énorme machine, "premier assistant personnel doté d’une intelligence artificielle", ancêtre des I.A. contemporaines, prénommé Mich-L. C’est lui qui donne la réplique à Patrice, enregistre ses saillies, filme ses chorégraphies et commente ses vannes de loser avec plus ou moins de diplomatie. Ici, l’humour se conjugue au douzième degré, à grand renfort de boule à facettes et de musique sirupeuse, de coussins péteurs et zizis sauteurs. On se tord littéralement de rire devant cet aventurier de la vanne, prophète de l’humour incompris et comédien loser. François Herpeux, auteur de cette formidable partition impressionne par son génie d’acteur burlesque. Il faut voir cet apôtre du rire moumouté danser, déclamer ses tirades tragiques alors qu’il est saisi par une terrassante envie d’aller aux toilettes, répandre la bonne parole et distiller ses conseils pour le bien d’une humanité mise à mal, que seul l’humour pourra sauver. Et derrière ce solo désopilant, c’est un autre portrait qui se dessine, celui d’un pauvre hère rongé par la solitude qui, entre deux éclats de rire, nous serre le cœur.

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