Critique Off. Ce que nous désirons est sans fin - Vertige du thriller

C’est un père désemparé, qui rêve de rendre son fils heureux, enfin, joyeux, qui aimerait juste, en réalité "le voir sourire". C’est un fils en colère. C’est un troisième homme, dont l’ombre plane sur la relation familiale qui va tisser sa toile et imposer son emprise sur le jeune homme jusqu’à l’irrémédiable. "Tu ne tueras point" clame le père, rappelant l’un des dix commandements. Et pourtant… Ce que nous désirons est sans fin est basé sur une histoire vraie. Le meurtre d’un ancien journaliste du Parisien, Bernard Mazières, par son fils et un ami de ce dernier. Pourquoi ? Comment en est-il arrivé là ? Jacques Descorde n’apporte pas de réponse à cette question, mais tente de remonter le fil de l’intrigue, en explorant une relation chahutée. Sur un écran géant, s’affichent des nombres. 21, 19, 14, 3, 1. Comme un compte à rebours jusqu’au geste fatal. La pièce est bâtie comme un thriller psychologique, à la narration volontairement fragmentée. Par bribes, on saisit la nature du gouffre entre le père et son fils, l’absence de la mère et épouse qui a déserté depuis longtemps, et dans ce vide béant, la place faite à l’intrus… qui va devenir omniprésent.
Le trio d’acteurs (Patrick Azam, Gaspard Liberelle et Cédric Veschambre), nerveux, tout en tensions exprime parfaitement le malaise grandissant, accompagné par une scénographie mobile -un carré comme un ring, cerné de cailloux noirs-, un subtil jeu d’ombres et de lumières et une belle création vidéo : images abstraites, vols d’oiseaux. Comme une évocation de l’impossible liberté.

Nedjma Van Egmond


Dans le OFF 
Ce que nous désirons est sans fin, texte et mise en scène Jacques Descorde, avec Patrick Azam, Gaspard Liberelle, Cédric Veschambre. Présence Pasteur, jusqu’au 21/07
 


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