Critique In. Absalon, Absalon ! - Le bruit, la fureur et les images

Le point de départ c’est le roman de Faulkner qui raconte la terrible histoire du non moins terrible Sutpen qui, sur fond de guerre de Sécession, s’acharne à vouloir construire un empire dans le Sud et à se trouver un héritier mâle et de sang pur. Un véritable monument littéraire de 400 pages, remarquable par sa complexité narrative et son écriture hypnotique. Le point d’arrivée, c’est la création de Séverine Chavrier, une adaptation contemporaine conçue comme une oeuvre totale et immersive : musique en live, performances dansées, animaux vivants, voitures sur scène, le tout joué, filmé et retransmis sur un écran géant. Tout se mélange et se juxtapose : les récits, les récitants, les générations, les points de vue, les époques : de l’Amérique du coton à celle des guns. Séverine Chavrier propose un voyage dans l’histoire de ce pays, de ses non-dits et de ses failles. L’image notamment est omniprésente et le film que l’on regarde pendant plus de 4 heures est une véritable oeuvre audiovisuelle en soi, mêlant tous les styles, de la couleur au noir et blanc, de l’expressionisme au burlesque, de Buñuel à David Lynch. C’est confus et complexe, fulgurant et brillant, les pièces du puzzle se mettent progressivement en place, jusqu’au dénouement final. On quitte la salle fasciné mais éreinté par ce déluge de bruit, de fureur et d’images.

Enric Dausset

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