Critique Off - UNE FAROUCHE LIBERTE - hommage poignant à Gisèle Halimi
S’affranchir des codes, se libérer, faire évoluer la justice, tel aura été le combat de Gisèle Halimi pendant soixante-dix ans. C’est ce que raconte avec maestria le spectacle inspiré d’Une farouche liberté, tiré du livre d’entretiens avec son amie la journaliste Annick Cojean (Éditions Grasset, 2020). Au début, on est surpris de voir deux comédiennes de génération différente prêter leur ferveur à cette grande figure disparue le 28 juillet 2020. Puis progressivement, la magie opère. On est happé par le jeu d’Ariane Ascaride et de Philippine Pierre-Brossolette qui rendent hommage à la brillante avocate. La mise en scène au cordeau de Léna Paugam partage à parts égales les interventions des deux interprètes. Un simple panneau de bois sur lequel sont diffusées des images de la mer ou de la guerre d’Algérie et des citations de Gisèle Halimi fait office de décor. Avec ferveur, Ariane Ascaride et Philippine Pierre-Brossolette rappellent tour à tour l’enfance de Gisèle Halimi dans une famille juive tunisienne, le manque d’amour de sa mère et ses frères favorisés par son père. L’enfant avait peu de valeur aux yeux de ses parents. Toute sa vie, elle se sera démenée pour être indépendante et défendre les droits des femmes, l’avortement (le procès de Bobigny en 1972) et la reconnaissance du viol comme crime. Gamine, elle entame une grève de la faim pour ne plus servir sa famille. "On ne naît pas féministe, on le devient", proclamait-elle détournant brillamment Simone de Beauvoir. Quelle générosité, quelle visionnaire, quelle femme ! rappelle ce spectacle aussi limpide qu’une eau claire.
Nathalie Simon
Dans le Off :
Une farouche liberté, de Gisèle Halimi et Annick Cojean, avec Ariane Ascaride et Philippine Pierre-Brossolette, mise en scène au cordeau de Léna Paugam
La Scala Provence, 3 rue Pourquery de Boisserin 84000 Avignon, 04 65 00 00 90, à 20h
https://lascala-provence.fr