Critique Off - PANNONICA : free jazz
Pannonica de Koenigdwater est arrêtée par la police au volant de sa Bentley aux côtés de Thelonious Monk. Ainsi commence le seule en scène de Natacha Regnier qui nous raconte la vie extraordinaire de la fille de Charles Rothschild, mariée au baron de Koenigswarter, devenue protectrice des jazzmen noirs dans le New-York des années 50. Brisant avec les codes sociaux de l’époque, renonçant à la garde de ses cinq enfants, Pannonica rompt avec son mari et sa situation privilégiée pour vivre pleinement sa singularité et sa liberté. C’est d’ailleurs l’orientation principale du texte d’Olivia Elkaim : la soif de liberté, l’appel du large pour cette femme qui ne se reconnaît pas dans le rôle d’épouse sage et convenue auquel on veut l’assigner. Elle s’éloigne de ses fonctions mondaines, devient infirmière et pilote pendant la guerre, goûte aux plaisirs du joint, s’accomplit en tant que pianiste et peintre, et se prend de passion pour le jazz. Accompagnée par un pianiste live, Natacha Regnier interprète dans une joie entraînante cette baronne libre et anticonformiste ; elle sort progressivement de l’écrin de feutre noir sur lequel elle semble épinglée comme un papillon dans une boite. Ah, on oubliait, Pannonica c’est le nom d’un papillon de nuit, et le surnom que lui avait donné son père. Comme quoi ce n’est pas si facile d’échapper au déterminisme…
Enric Dausset
Enric Dausset
Pannonica, baronne du jazz, texte de Olivia Elkaïm, mise en scène Christophe Gand, avec Natacha Régnier, Raphaël Sanchez. Au théâtre le Petit Chien, 76 rue Guillaume Puy 84000 Avignon, 04 84 51 07 48, du 7 au 29 juillet (relâches : 11, 18, 25 juillet), à 15h45