Critique Off - FEMME CAPITAL, Bienvenue dans l’ère de l’égoïsme
Elle est morte comme elle a vécu. "D’une insuffisance du cœur". Ayn Rand, maîtresse-femme, gourou économique hypnotisant, incarnation de l’ultralibéralisme américain des années 30, a laissé, trente-cinq ans après sa disparition, une empreinte durable sur de nombreuses personnalités américaines, des plus évidentes (figures du Tea Party ou Donald Trump) aux plus surprenantes (Brad Pitt et Angelina Jolie, démocrates fervents). On doit à ce "Che Guevara des capitalistes" des essais et deux romans, La source vive et La Grève, aujourd’hui des classiques aux Etats-Unis. Pourtant elle est inconnue (ou presque) de nous. Riche idée que celle de Sylvain Cartigny et Mathieu Bauer de la ressusciter, entre récit et essai et en s’appuyant sur le texte de Stéphane Legrand. Ils lui consacrent une fable musicale, dont les accents empruntent tour à tour à la fanfare festive, au chant lyrique ou au musical. L’icône néolibérale et self-made woman fière de l’être nous conte sa vie et son œuvre. « Bienvenue dans l’ère de l’égoïsme », clame-t-elle.
Elle est dépassionnée et rationaliste, cynique et tyrannique. Emblème de l’individualisme forcené, coupée du monde, elle livre par le menu son idéologie, dans une cabine transparente, lestée d’un dollar géant et scintillant tandis que l’orchestre de spectacle de Montreuil joue les chœurs citoyens, comme un contrepoids. Emma Liégeois incarne Ayn Rand. Vue (et brillante) dans Une femme se déplace et La force qui ravage tout de David Lescot, cette brune aux yeux clairs à la beauté d’un autre âge, qui rappelle les grands classiques hollywoodiens, affiche une large palette vocale. Elle chante et joue superbement, tour à tour tendre et cynique, séduisante et glaçante. C’est captivant.
Nedjma Van Egmond
Elle est dépassionnée et rationaliste, cynique et tyrannique. Emblème de l’individualisme forcené, coupée du monde, elle livre par le menu son idéologie, dans une cabine transparente, lestée d’un dollar géant et scintillant tandis que l’orchestre de spectacle de Montreuil joue les chœurs citoyens, comme un contrepoids. Emma Liégeois incarne Ayn Rand. Vue (et brillante) dans Une femme se déplace et La force qui ravage tout de David Lescot, cette brune aux yeux clairs à la beauté d’un autre âge, qui rappelle les grands classiques hollywoodiens, affiche une large palette vocale. Elle chante et joue superbement, tour à tour tendre et cynique, séduisante et glaçante. C’est captivant.
Nedjma Van Egmond
Femme Capital mis en scène et orchestré par Mathieu Bauer et Sylvain Cartigny d’après l’essai de Stéphane Legrand, avec Emma Liégeois, Clément Barthelet et l’Orchestre de spectacle de Montreuil. Du 7 au 18 juillet, relâche le 12, à la Manufacture, Patinoire. Départ navette 13h40. Spectacle 14h05.
Et du 16 aux 25 novembre à la Maison des Métallos, Paris.…
Et du 16 aux 25 novembre à la Maison des Métallos, Paris.…
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