Critique In - G.R.O.O.V.E, entre grâce et ennui
« Et toi, t’as vu quoi ? » Une question répétée comme une litanie par la cinéaste Claire Simon, invitée par la chorégraphe Bintou Dembélé dans le cadre du spectacle G.R.O.O.V.E. Le lever de rideau eut lieu sur la place du Palais, avec en toile de fond les décors majestueux du Palais des Papes d’un côté, du petit Palais de l’autre puisque l’idée (belle) de Tiago Rodrigues, nouveau directeur d’Avignon était d’ouvrir ce 77e festival dans la rue, par une déambulation dansée et chantée, pour se poursuivre en différents espaces de l’Opéra d’Avignon.
« Et toi, t’as vu quoi ? », question inlassablement lancée pour, quinze minutes durant, laisser la parole à une dizaine de comédiens de la troupe évoquant la mort tragique à Nanterre du jeune Nahel, abattu par un policier. L’injustice, le chaos, les nuits "sans rêve et sans trêve", la colère, l’impuissance, la mise à feu du centre social où Bintou Dembélé avait fait ses classes : tout cela fut dit. Irruption légitime de l’actualité dans une pièce qui raconte notamment l’histoire des danses de rue chez les minorités raciales et sexuelles opprimées : krump, kuduro, dancehall, pantsula, voguing, sur fond de migrations et questions postcoloniales… Et nous, qu’avons-nous vu, et entendu ? La voix sublime de la chanteuse Célia Kameni en robe mêlant style baroque et jean. Le beau solo de Bintou Dembélé à ciel ouvert. Le passionnant (et trop bref) film sur l’histoire de ces films, mêlé au documentaire du danseur Féroz Sahoulamide sur les traces de ses origines et de la danse Dappan Koothu. Enfin, la folle envolée collective sur la musique des Indes Galantes, reprise du succès du spectacle livré à l’Opéra de Paris en 2019 avec Clément Cogitore. Un prodigieux morceau de bravoure !
Mis bout à bout, tous ces moments représentaient une heure tout au plus sur trois heures de performance en mouvement. Et le reste du temps, qu’avons-nous fait ? Attendu, piétiné sous une chaleur caniculaire (en plein air, mais aussi dans le foyer de l’Opéra), attendu et attendu d’un espace à l’autre que les guides nous donnent enfin la permission d’avancer. Une heure de grâce, sur 3 heures de fatigue, d’attente et d’ennui. C’est hélas bien (trop) peu.
« Et toi, t’as vu quoi ? », question inlassablement lancée pour, quinze minutes durant, laisser la parole à une dizaine de comédiens de la troupe évoquant la mort tragique à Nanterre du jeune Nahel, abattu par un policier. L’injustice, le chaos, les nuits "sans rêve et sans trêve", la colère, l’impuissance, la mise à feu du centre social où Bintou Dembélé avait fait ses classes : tout cela fut dit. Irruption légitime de l’actualité dans une pièce qui raconte notamment l’histoire des danses de rue chez les minorités raciales et sexuelles opprimées : krump, kuduro, dancehall, pantsula, voguing, sur fond de migrations et questions postcoloniales… Et nous, qu’avons-nous vu, et entendu ? La voix sublime de la chanteuse Célia Kameni en robe mêlant style baroque et jean. Le beau solo de Bintou Dembélé à ciel ouvert. Le passionnant (et trop bref) film sur l’histoire de ces films, mêlé au documentaire du danseur Féroz Sahoulamide sur les traces de ses origines et de la danse Dappan Koothu. Enfin, la folle envolée collective sur la musique des Indes Galantes, reprise du succès du spectacle livré à l’Opéra de Paris en 2019 avec Clément Cogitore. Un prodigieux morceau de bravoure !
Mis bout à bout, tous ces moments représentaient une heure tout au plus sur trois heures de performance en mouvement. Et le reste du temps, qu’avons-nous fait ? Attendu, piétiné sous une chaleur caniculaire (en plein air, mais aussi dans le foyer de l’Opéra), attendu et attendu d’un espace à l’autre que les guides nous donnent enfin la permission d’avancer. Une heure de grâce, sur 3 heures de fatigue, d’attente et d’ennui. C’est hélas bien (trop) peu.
Nedjma Van Egmond
G.R.O.O.V.E, par Bintou Dembélé. Avec Wilfried Blé “Wolf”, Guillaume Chan Ton, Bintou Dembélé, Marion Gallet, Cintia Golitin, Adrien Goulinet, Mohammed Medelsi “Med”, Alexandre Moreau “Cyborg”, Salomon Mpondo-Dicka “Bidjé”, Marie Ndutiye, Michel Onomo “Meech, Juliana Roumbedakis, Féroz Sahoulamide et Charles Amblard (guitare et lapsteel), Célia Kameni (en alternance avec Cindy Pooch) (voix) avec la participation inédite de Cré Scène 13 (Marseille). Jusqu’au 10 juillet, Opéra Grand Avignon.
Les 5 et 7 octobre au Centre Pompidou, Paris. Du 12 au 14 octobre à Anthéa, Antibes…
Les 5 et 7 octobre au Centre Pompidou, Paris. Du 12 au 14 octobre à Anthéa, Antibes…