Le metteur en scène Jean-Pierre Vincent nous a quittés - (5/11/20) 

Le metteur en scène Jean-Pierre Vincent nous a quittés dans la nuit de mercredi à jeudi. Il avait 78 ans et avait contracté le covid à la fin du printemps qui lui avait laissé des séquelles notamment une série d'accidents vasculaires cérébraux. Sa dernière interview dans Théâtral magazine date justement de mars 2020 et ironie du sort c'était pour parler de la pièce qu'il avait montée, Dernières nouvelles de la peste de Bernard Chartreux pour notre dossier sur la contamination.
Jean-Pierre Vincent commence le théâtre à 16 ans dans le club théâtre du Lycée Louis Le Grand aux côtés de Patrice Chéreau, Jérôme Deschamps et Michel Bataillon. Il commence par suivre Chéreau mais très vite s'intéresse à la mise en scène. La première qu'il signe est celle de La Cruche cassée de Kleist en 1959. Puis il travaille beaucoup avec le dramaturge Jean Jourd'heuil et prend rapidement la direction de théâtres. D'abord celle du Théâtre National de Strasbourg en 1975, puis celle de la Comédie-Française de 1983 à 1986 dont il devient Administrateur général avant d'en démissionner considérant qu'il s'agit là du "poste le plus difficile en France avec Matignon", enfin celle du théâtre des Amandiers de 1990 à 2001.
A partir de 2001, il travaille beaucoup avec Bernard Chartreux et passe du temps à former les jeunes acteurs. 
Si Jean-Pierre Vincent a été un grand directeur de théâtres, il a surtout été un très grand metteur en scène. Sa vision des pièces qu'il montait était toujours sensée, engagée. Parfois il pouvait même créer la polémique comme lorsqu'il a monté Dom Juan de Molière à la Comédie-Française avec Loïc Corbery dans le rôle-titre.
On retriendra parmi ses mises en scène, Les Acteurs de bonne foi d’après Marivaux, La Cagnotte d’après Eugène Labiche, Dans la jungle des villes de Bertolt Brecht, La Noce chez les petits bourgeois de Bertolt Brecht, Le Misanthrope de Molière, Vichy-Fictions et Violences à Vichy de Bernard Chartreux, Dernières Nouvelles de la peste de Bernard Chartreux, La Tragédie de Macbeth de Shakespeare, traduction Jean-Michel Déprats, On ne badine pas avec l'amour d’Alfred de Musset, La Mère coupable de Beaumarchais, Les Caprices de Marianne, Violences à Vichy 2 de Bernard Chartreux, Le Jeu de l'amour et du hasard de Marivaux, L’Échange de Paul Claudel, Derniers remords avant l'oubli de Jean-Luc Lagarce, Le Silence des communistes de Miriam Mafai, Alfredo Reichlin, d'après Vittorio Foa, Dom Juan ou le Festin de pierre de Molière, Les Suppliantes d'Eschyle, En attendant Godot de Samuel Beckett.
Jean-Pierre Vincent vient de nous quitter et il va beaucoup manquer au théâtre.
Hélène Chevrier

En photo : Jean-Pierre Vincent