critique - Mademoiselle Molière : La maison Poquelin ébranlée - Avignon Off - (12/07/18)

Lorsque l’on est spectateur, on espère toujours voir ce qui se passe en coulisses. Quand on est comédien, un peu moins ! Qui n’a pas rêvé d’observer Molière en coulisses ? Avec cette nouvelle comédie de Gérard Savoisien, c’est une chose possible : coulisses de la maison Poquelin, coulisses de la Fête de Vaux-le-Vicomte, de la vie privée du dramaturge… Entre Molière et Madeleine Béjart sa compagne depuis 20 ans, semble s’ouvrir une brèche. Si leur commune passion pour la comédie est intacte, lui regarde ailleurs – ce n’est pas nouveau – sauf que la femme qu’il a en tête d’épouser est… la fille de Madeleine : Armande !
A l‘avant scène se déroulent les échanges privés du couple, tandis qu’en fond s’ouvre un second espace de jeu qui révèle une sorte petit théâtre inversé, lieu des représentations publiques. Anne Bouvier en Madeleine Béjart fait preuve d’un jeu très profond, ferme et nourri, passant de la fantaisie à l’émotion la plus intense. Elle est épatante. Christophe de Mareuil affiche un jeu, tout en soudaineté, d’insouciance teintée de torture sentimentale ou d’inquiétude. Ils sont deux très beaux comédiens dont la mise en scène d’Arnaud Denis orchestre le duo avec goût et talent. Quant à Mademoiselle Molière, nous ne la verrons pas. Elle est au cœur de toutes leurs pensées et plane sur la pièce comme une bénédiction pour l’un et une trahison pour l’autre. Une pièce historique sans être une pièce de musée. Pleine de vie.

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