Comment sécuriser les salles de théâtre par le Professeur Patrice Debré - (18/05/20)
Patrice Debré est professeur d'immunologie et membre de l'Académie nationale de médecine. Il a été chef de service et directeur d'un institut de recherche en immunologie à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris. Il est aussi le petit-fils de Robert Debré et le fils du peintre Olivier Debré, à qui l’on doit le rideau de scène de la Comédie-Française et les peintures du théâtre des Abbesses. Nous l’avons interrogé sur les mesures à prendre dans les salles lorsqu’elles rouvriront. Ce sont des questions qu’il a déjà abordées à l’occasion de la réouverture du Centre d’art contemporain Olivier Debré qu’il préside à Tours.
Théâtral magazine : Quelles sont les mesures adoptées par le Centre d’Art contemporain pour sa réouverture ?
Patrice Debré : On a limité le nombre de personnes et rendu le port du masque obligatoire. Vous avez aussi des médiateurs dans ces espaces là qui expliquent au public les règles de distanciation. Mais il faut distinguer la sécurité du personnel et celle des visiteurs. Au théâtre, c’est la même chose. Il faut adapter au mieux les règles de distanciation physique et le port du masque aux différentes catégories professionnelles (techniciens, administratifs, ouvreuses…) qui officient à l’intérieur du théâtre. Et pour les acteurs, on imagine mal qu’ils portent le masque en répétition et ils peuvent avoir à se rapprocher voir à se toucher pour les besoins de la pièce, donc, il faut faire les tests PCR.
Théâtral magazine : Quelles sont les mesures adoptées par le Centre d’Art contemporain pour sa réouverture ?
Patrice Debré : On a limité le nombre de personnes et rendu le port du masque obligatoire. Vous avez aussi des médiateurs dans ces espaces là qui expliquent au public les règles de distanciation. Mais il faut distinguer la sécurité du personnel et celle des visiteurs. Au théâtre, c’est la même chose. Il faut adapter au mieux les règles de distanciation physique et le port du masque aux différentes catégories professionnelles (techniciens, administratifs, ouvreuses…) qui officient à l’intérieur du théâtre. Et pour les acteurs, on imagine mal qu’ils portent le masque en répétition et ils peuvent avoir à se rapprocher voir à se toucher pour les besoins de la pièce, donc, il faut faire les tests PCR.
Faudrait-il qu’ils fassent un PCR tous les jours ?
Non. À supposer que vous ayez attrapé le virus, il lui faut quand même un certain temps pour qu'il arrive à se développer. Donc, je dirais qu’un PCR une fois par semaine est suffisant et même plutôt tous les 15 jours.
Si les comédiens veulent porter un masque en répétition, une visière en plastique permettrait au metteur en scène de voir leurs expressions. Mais est-ce efficace ?
Complètement et c'est d'autant plus efficace que chacun en porte. Parce que les gouttelettes restent à l'intérieur de la visière et n'arrivent pas à l'extérieur.
Et lorsqu’ils jouent, pour ne pas envoyer de projections sur le public, il faut peut-être invalider les deux premiers rangs.
Le public justement est au cœur du problème. Comment le sécuriser ?
Le problème, c’est qu’au théâtre, on est assez serrés les uns contre les autres et la mesure d’un siège sur deux et en quinconce avec celui du rang de devant s’impose de manière à faire respecter la distance. Et après la représentation, il faudrait arriver à passer sur les sièges, au moins sur les parties en bois ou en fer, une petite solution désinfectante. Parce que si quelqu'un est contagieux, il peut avoir souillé le siège sur lequel il était.
Quand les sièges ne sont pas en bois, mais en tissus, l’utilisation de la lingette n’est pas possible. Dans ce cas, peut-on imaginer qu’on remette à chaque spectateur un masque et une surblouse comme celles qu’on trouve à l’hôpital et qu’on enfilerait à l’envers pour protéger les fauteuils ?
Oui ce serait très efficace, et puis ces blouses jetables ne coûtent presque rien
Et pour éviter la réduction de la jauge à cause de l’occupation d’un siège sur deux, ne pourrait-on pas imaginer de mettre des séparations en plastique de manière à constituer une sorte de petite cabine autour des gens comme dans les magasins pour protéger les caissiers ?
Oui, peut-être. Mais je pense qu’avec un masque, du gel sur les mains et une blouse, il ne devrait pas y avoir de problème. Mais la responsabilité du théâtre pourrait être engagée s’il ne mettait pas la distance entre les spectateurs.
Comment se propage le virus ?
Beaucoup par la nébulisation de la parole, des éternuements, des toux, etc. Et cela est quand même beaucoup atténué par le masque. Si vous avez quelqu’un qui tousse en permanence, il va cracher son virus tout le temps de la représentation. Donc il faudrait peut-être imaginer de prendre la température des gens à l’entrée. Mais je crois que si on est malade, on ne va pas aller au théâtre.
Si on demandait aux gens avant la séance de ne pas parler ?
C’est un peu compliqué de leur demander ça. Il vaut mieux faire une publicité positive et les rassurer avec un siège sur deux. Et aussi les placer dans la salle en évitant qu’ils se croisent. Donc il faut remplir la salle en fonction de l’ordre d’arrivée des gens et non pas en fonction d’un numéro de fauteuil.
Est-ce que la climatisation dans les salles peut favoriser la circulation du virus ?
Oui. Des épidémies, comme la légionellose à la fin des années 90, se sont propagées uniquement par la climatisation. Il faut éviter absolument le brassage de l'air pendant les spectacles. Et aérer entre les représentations.
Combien de temps faut-il attendre entre chaque représentation ?
Le virus reste vivant plusieurs heures. Donc il faut compter trois ou quatre heures. Sauf si les spectateurs portent des blouses, des masques et qu’on passe un désinfectant sur les parties en bois où ils ont pu poser leurs mains.
Y a-t-il des masques plus efficaces que d’autres ?
A l’Académie de Médecine, on recommande de porter le masque grand public. Ensuite vous avez le masque en forme de bec de canard FFP4 mais qui est cher.
Êtes-vous plutôt optimiste ?
Patrice Debré : On ne sait pas bien si ça risque de repartir et comment ça peut repartir. Ce qui est certain, c'est que toutes les courbes se cassent après 65 ans. Or c’est l’âge du public qui va au théâtre surtout dans les salles privées.
Propos recueillis par Enric Dausset et Hélène Chevrier