Critique IN - Le Moine noir : au cœur de l’âme humaine
 

C’est dans une Cour d’honneur du Palais des papes balayée par des vents tourbillonnants que Kirill Serebrennikov a lancé la première de son adaptation du Moine noir, une nouvelle fantastique de Tchekhov, réduite donc à une scénographie capable de résister aux rafales avignonnaises : trois serres en bois, des bancs et quatre immenses disques verticaux alignés du plus grand au plus petit le long de la façade du Palais. Dedans y sont projetées des images du spectacle captées en direct. Le Moine noir, c’est l’histoire du poète Andreï Kovrine en mal d’inspiration qui retourne chez son ami jardinier Péssôtski et sa fille Tania qu’il voudra épouser. Mais rapidement Andreï est victime d’hallucinations : il croit voir et entendre la réminiscence du Moine noir, personnage d’une légende datant de 1000 ans auparavant et dont les paroles lui font l’éloge de la folie « si tu veux être normal et sain, rejoins le troupeau » ou « on ne peut être libre que fou ».
L’histoire rejouée quatre fois sous des angles différents et dans trois langues (anglais, allemand et russe) et le rôle d’Andreï confié à des comédiens au jeu de plus en plus débridé entraînent le spectateur dans ce qui ressemble à une enquête psychologique. Au fil des versions, on en sait plus sur le personnage d’Andreï, ses antécédents et sur les victimes collatérales de sa folie. La scénographie, entre chants, danses et jeu puissant, zoome progressivement à l’intérieur de l’âme d’Andreï. Il ne s’agit pas ici de prendre position pour ou contre telle aliénation mais plutôt de nous interroger sur son exaltation à s’abimer, vraisemblablement pour s’élever. 

Hélène Chevrier

Le Moine noir, texte mise en scène et scénographie Kirill Serebrennikov, adapté du Moine noir de Tchekhov, avec Odin Biron… Cour d’honneur du Palais des papes, place des Palais Avignon, 04 90 14 14 14, jusqu’au 15 juillet


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